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«Nous voulons, à l’horizon 2024, atteindre les 2500 salariés»

Diplômé en économie et gestion, Cheikh Ahmed Tidiane Samb est parti d’une expérience personnelle pour lancer Tiak-Tiak, un service de livraison express. Etant étudiant en France il a souvent eu du mal à faire parvenir des colis à ses proches. C’est ainsi qu’il a créé un service permettant au client de faire ses courses « à l’insu de tout le monde et avec le professionnalisme et la discrétion qui siéent ». A présent, Cheikh Ahmed Tidiane Samb ambitionne le déploiement de Tiak-Tiak en Gambie et en Côte d’Ivoire, et faire évoluer le statut des livreurs indépendants en les intégrant dans l’application Tiak-Tiak.

Pouvez-vous vous présenter et nous parler de votre parcours ?

Je suis né un 04 Mai 1985 à Bonn. J’ai grandi au Sénégal et après des études au Cours Sainte Marie de Hann, je suis parti en France pour y suivre une licence en Economie et Gestion des organisations avant d’intégrer l’école de commerce EFFICOM pour un diplôme en Marketing communication.

Je suis revenu au Sénégal en 2012, fort convaincu de mon potentiel à lancer des startups créatrices d’emplois et de solutions aux problèmes du quotidien des habitants de ce beau pays qu’est le mien.

C’est ainsi que j’ai lancé Mystère X, Fadju, Kobokal, Pépite Fc, Pum Pum et Tiak-Tiak qui est sans doute la startup qui a rencontré le plus de notoriété de toutes.

Vous êtes le fondateur de « Tiak Tiak ». De quoi s’agit-il ?

Tiak-Tiak est le premier service de livraison express créé en Afrique.

Tiak-Tiak est un mot utilisé par les jeunes pour évoquer une action rapide et pourrait littéralement se traduire par « vite fait ».

Nous avons un call center à partir duquel nous recevons des appels des clients et le principe est simple. Il s’agit de récupérer un paquet d’un point A pour le livrer vers un point B moyennant des frais de livraison à partir de 2500 francs Cfa.

Comment est née l’idée de créer « Tiak Tiak » ?

L’idée de créer Tiak-Tiak m’est venue depuis mes années estudiantines car j’avais souvent du mal à faire parvenir des cadeaux, un gâteau, un bouquet de fleurs à mes amies, mes proches sans pour autant faire interagir une connaissance.

De là m’était venu l’idée de créer pour la diaspora un service capable de leur faire leurs courses ici à Dakar à l’insu de tout le monde et avec le professionnalisme et la discrétion qui siéent.

Après quelques mois de lancement, je me suis rendu compte que la population locale s’était carrément accaparée du projet et en avait fait sien. On a dû revoir le business modèle et le réadapter en fonction.

Huit ans après son lancement, quel bilan pouvez-vous tirer de cette expérience qui a, en quelque sorte, révolutionné le secteur de la livraison au Sénégal ?

Aujourd’hui, encore plus qu’hier, je suis fier d’avoir été jusqu’au bout de ma pensée en lançant ce projet. Plus de 10 000 emplois directs et indirects ont été créés et c’était le principal objectif de mon retour au bercail.
Le bilan reste positif, même s’il est parsemé d’embuches.

Le climat des startups n’est pas très clément dans les pays africains mais je me dis que ce sont des verrous que nous, la jeunesse africaine, devrons combattre pour les faire sauter.

Le secteur connait quelques difficultés depuis l’avènement de la pandémie de Covid-19. Comment « Tiak Tiak » a pu s’organiser pour tirer son épingle du jeu ?

Je dirais que presque tous les secteurs ont connu ces difficultés. La pandémie en a affectée plus d’un. Durant la pandémie on n’était pas vraiment affecté car nous étions le trait d’union entre privé et particuliers surtout durant la période du couvre-feu. On a été d’appoint pour plusieurs restaurateurs aussi et on a pu tenir le coup. Cependant depuis quelques mois, nous rencontrons des difficultés à divers niveaux. Les services fiscaux nous relancent à tout moment, les aides, les subventions et les financements n’arrivent pas et on ne voit personne pour soutenir ces startups à se relever.

On est obligé de faire des efforts considérables pour continuer à donner ce grain d’espoir à cette jeunesse à la recherche d’emplois. Tiak-Tiak reste aujourd’hui le premier pourvoyeur d’emplois au Sénégal, tous secteurs confondus. L’État devrait saisir cette aubaine et l’utiliser à bon escient. La solution de l’emploi des jeunes se fera forcément, d’une manière ou d’une autre par ce secteur. Alors autant en profiter et renforcer les structures nationales déjà présentes dans ce domaine au lieu d’attendre que d’autres viennent pour le faire et qu’on leur déroule le tapis rouge.

Il nous faut croire en cette jeunesse et leur donner des armes pour pouvoir compétir à l’international.

Récemment, des associations de conducteurs de taxi à Dakar ont manifesté, dénonçant le fait que certains motocycles s’adonnent au transport et ainsi les concurrencent de manière déloyale. Que pensez-vous de cette sortie des Taximen ?

Ceci est un faux débat à mon avis. Certes, les « jakartamen » transportent de temps à autre des clients mais ceci n’est pas nouveau au Sénégal. Le transport terrestre est régi par des règlements et à ceux qui sont habilités à les faire appliquer de jouer leur rôle. Reste à savoir comment dissocier celui qui transporte un client et un particulier comme moi qui dés fois dépose ici et là un ami, un partenaire etc.

En ce qui concerne Tiak-Tiak, nous sommes en train d’étudier cette niche car force est de reconnaitre que la congestion sur les routes dakaroises est infernale et que le monde est fait pour être changé, les personnes pour évoluer. On ne peut plus et on n’a pas le droit de se permettre de parcourir 6, 8, 10 km en 4 h de temps au 21eme siècle.

L’État, le ministère des Transports, les acteurs et la société civile devraient tous s’asseoir autour d’une table et échanger sur ce sujet. Chaque client a sa bourse, son degré d’urgence et sa conscience pour librement choisir entre l’hélicoptère, la voiture personnelle, le Tata, le taxi ou le Jakarta pour se faire transporter…. Ou encore mieux : Appeler Tiak-Tiak

Quels sont vos projets à court et moyen termes ?  

Mes projets à court et moyen termes sont le déploiement de Tiak-Tiak en Gambie et en Côte d’Ivoire, faire évoluer le statut des livreurs indépendants en les intégrant dans l’application Tiak-Tiak déjà téléchargeable sur Android et App store, ouvrir le capital de la structure et s’agrandir.

Nous voulons, à l’horizon 2024, atteindre les 2500 livreurs salariés et atteindre les 10 millions d’euros de CA (chiffre d’affaires).

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