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Macron en Algérie : Décrispation ou recherche d’approvisionnement en gaz ?

Le président français s’est rendu à Alger, ce 25 août 2022, officiellement sur invitation de son homologue algérien. Il s’agit d’une visite officielle et d’amitié et non d’une visite d’État. Du moins, c’est ainsi que les deux présidents ont choisi d’intituler ce déplacement qui  intervient dans un contexte de haute tension diplomatique. Les brouilles diplomatiques entre Paris et Alger sont un classique auquel on est habitué depuis des décennies. L’actuelle qui touche à sa fin remonte à 2019 au lendemain de l’élection d’Abdelmadjid Tebboune, qui depuis lors n’a cessé de ressasser les crimes coloniaux de la France qu’il avait jugés « imprescriptibles ». Cette visite pourra-t-elle calmer la tension ?  

Les échanges du premier jour de visite ont permis selon Emmanuel Macron d’avancer dans le domaine mémoriel. « Nous avons un passé commun, (…) complexe, douloureux », a déclaré le président français. Il a aussi évoqué la création d’une commission qui sera chargée de « regarder l’ensemble de cette période historique », « du début de la colonisation à la guerre de libération, sans tabou, avec une volonté (…) d’accès complet à nos archives ». Face à l’histoire coloniale française, Macron affirme : « Le passé, nous ne l’avons pas choisi, nous en héritons, c’est un bloc, a déclaré le chef de l’Etat. Il faut le regarder, le reconnaître. Mais nous avons une responsabilité : c’est de construire notre avenir, pour nous-même et nos jeunesses. » 

Même si Macron dit vouloir orienter sa visite sur les questions d’avenir, notamment celle de la jeunesse, c’est la question mémorielle qui lui retient les pas. La situation au Sahara occidental représente est également au menu des discussions. À la vérité, un nivellement préalable de toutes ces questions est sine qua non à la réalisation du nouveau pacte économique entre la France et Algérie. Depuis la guerre russo-ukrainienne, conflit dans lequel la France joue un rôle d’avant-gardiste dans le bloc occidental, chercher une nouvelle source d’approvisionnement en gaz demeure une priorité pour s’affranchir du gaz russe.

L’Algérie, dont les réserves prouvées de gaz naturel s’élèvent à près de 2.400 milliards de m3, fournit environ 11% du gaz consommé en Europe, contre 47% pour la Russie. Lundi 25 juillet, Sonatrach, le groupe pétrolier algérien, a annoncé la découverte de trois nouveaux gisements de gaz et de pétrole dans le sud du pays. Ce qui augmente drastiquement les réserves en hydrocarbure de ce pays qui en est déjà le premier exportateur africain et le septième mondial vers l’Europe. « Les débits enregistrés, lors des tests, sont de 300 000 m3 /jour de gaz et 26 m3 /jour de condensat, à partir du premier réservoir et de 213 000 m3 /jour de gaz et 17 m3 /jour de condensat à partir du deuxième réservoir », avait détaillé l’étude.

Tout cela pourrait justifier la forte délégation d’environ 90 personnes qui accompagne le président Macron. On note en particulier la présence de la directrice générale d’Engie (groupe industriel énergétique français) ainsi que celle du ministre de l’Économie, Bruno Le Maire.

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