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Tchad : Sincérité du dialogue « inclusif », un vœu pieux ?

Suspendu depuis samedi 3 septembre en raison de troubles à Ndjamena, le dialogue national inclusif a repris ce lundi 5 septembre après la levée du blocus du siège du parti Les Transformateurs et la libération des militants arrêtés durant le week-end.

On peut se demander si la junte veut-elle réellement d’un dialogue « inclusif » au Tchad. Les discussions du dialogue national inclusif qui devraient reprendre vendredi, sont reportées au samedi 3 septembre à 10h00 au Palais de la culture, a annoncé par voie de communiqué, vendredi, le présidium du dialogue national.

Un présidium sans consensus

Ce présidium était la pomme de discorde entre ceux qui l’ont formé et certaines coalitions de l’opposition. C’est aussi sa nature qui a favorisé la remobilisation de ces coalitions autour des partis dissidents qui n’ont pas participé au dialogue, parce que fustigeant le flou qui l’entoure et l’absence d’accord de principe de base.

Si la junte au pouvoir montre clairement qu’il n’en a rien à faire _de ces revendications_ le leader des transformateurs demeure aussi jusqu’auboutiste. Il avait affirmé, « si on ne nous entend pas, alors il y aura deux dialogues en parallèle. Il y aura donc deux chartes à la sortie, il y aura deux séries de résolutions, il y aura probablement deux gouvernements et donc on va s’acheminer vers quelque chose ».  

Le jeudi 1er septembre, plusieurs caravanes de la formation politique « Les Transformateurs », qui parcouraient la ville pour appeler à un rassemblement samedi, ont été interceptées par la police pour troubles à l’ordre public. La police nationale a indiqué sur sa page facebook avoir « arrêté 84 militants des Transformateurs qui paradaient sans autorisation au centre-ville pour trouble à l’ordre public et attroupement non autorisé par le ministère de la Sécurité publique ». Ce parti s’en est défendu et a réclamé la libération de 91 militants.

Pour permettre à la commission ad hoc de facilitation, d’engager des discussions avec des composantes qui refusent de participer aux assises, une énième suspension des travaux a été prononcée mardi 3O août. Des démarches sont effectuées à l’égard des dissidents tels que la coalition Wakit Tama et le parti politique « Les Transformateurs », pour qu’elles rejoignent la table des négociations.

Des dissidents sans compromis

Les préalables qu’ils avaient exigés sont entre autres, la prise d’un acte pour proclamer la souveraineté de ce dialogue ; la co-définition de l’agenda du dialogue ; la consécration d’un mode consensuel de rédaction de la future constitution.

Pour Dr Masra Succès, ceux qui ont géré la transition ne devraient pas se présenter aux élections qui mettront fin à la transition. « On ne peut pas vouloir du beurre et l’argent du beurre ». Il exige également que justice soit rendue aux victimes des manifestations et tueries pour décrisper le climat social et politique. « Les coupables doivent être identifiés même s’il doit y avoir des mécanismes de pardon. Cela ne viendra qu’après la justice », avait-t-il préconisé.

L’ancien ministre Siddick Abdelkerim Haggar, à la tête d’une coalition d’une centaine de partis politiques et associations, annonce qu’il rejoint les Transformateurs et Wakit Tamma, les deux principales organisations qui refusent depuis le début de participer au dialogue. « Nous leur donnons raison. Nous leur disons que nous sommes désormais avec eux. Nous allons agir ensemble pour bâtir ce Tchad nouveau », a lancé l’ancien ministre.

« Le gouvernement sera responsable devant Dieu et devant la nation de ce qui arrivera », prévient aussi l’entente des églises protestantes. Les Églises et missions évangéliques menacent de suivre le mouvement. Dans la foulée, les représentants de l’église catholique, par la voix de l’évêque Waingué Bani Martin, annoncent qu’ils suspendent leur participation au dialogue qui n’en est pas un. « Nous avons l’impression d’assister à une campagne électorale », a regretté l’évêque dénonçant la main mise d’un groupe sur le processus de dialogue.

Le président du conseil militaire de transition, Mahamat Idriss Deby Itno a eu des mots durs contre ceux qui boycottent le dialogue et principalement Les transformateurs. « Toucher des miettes pour monter au balcon de l’illusion et de la division, c’est un choix mais aller dans la salle où se tient le rendez-vous de l’histoire et participer avec l’ensemble des représentants de la Nation à tracer les sillons du Tchad de demain, c’est encore mieux et patriotique », a lancé Mahamat Idriss Deby. 

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