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Mali : libération de 3 femmes des 49 soldats ivoiriens, quand la junte éprouve la diplomatie de la sous-région ?

C’est au cours d’un point de presse que le ministre togolais des Affaires étrangères, a annoncé à Lomé, la libération de 3 des 49 soldats ivoiriens. « Je voudrais vous annoncer que le président de la transition du Mali, Assimi Goïta, a accepté de procéder à la libération de certains prisonniers », a déclaré Robert Dussey, samedi 3 septembre 2022. Soit un peu moins de 60 jours après leur détention.

L’émissaire togolais, a précisé que le président Gnassingbé « se réjouit que le président Assimi Goïta ait accepté de libérer, en guise de geste humanitaire, trois prisonniers sur les 49 en soulignant qu’il s’agissait de « soldats féminins ».

Ce n’est pas rien, surtout qu’il s’agit de de la libération des femmes. Mais la moisson est très pauvre. On peut dire les tractations de libération sont longues mais les résultats sont peu encourageants. Au Mali, les militaires au pouvoir ont beau revêtir leur battle-dress à la tête de l’État, mais ils savent jouer l’offensive diplomatique. Ils n’ont pas voulu dans un premier temps que leurs otages quittent le Mali en tenues militaires. Ils y ont opposé une fin de non-recevoir avant de céder finalement.

Dans cette crise, la fermeté de la junte a mis à l’épreuve la diplomatie des pays de la sous-région y compris celle des instances communautaires. D’autant plus que la tâche n’a pas été facile pour Togo qui s’est proposé d’en être le médiateur dix jours après l’arrestation puis l’accusation de mercenariat formulée contre les soldats ivoiriens.

Dès le début de cette affaire, nombre d’observateurs se sont penchés sur l’hypothèse selon laquelle, le Mali est vindicatif de son voisin, qui, naguère a œuvré pour le durcissement des sanctions de la CEDEAO et de l’UEMOA à son encontre. Une possibilité que l’on ne pourrait rejeter au gré des bruits de coulisse qui ont couru sur l’implication personnelle du chef de l’État ivoirien dans les sanctions de l’UEMOA contre le Mali. Une autre hypothèse, non moins négligeable, serait, qu’ils tiennent le bout de cette affaire pour obtenir la levée des sanctions individuelles contre les membres de junte.

Nonobstant toutes ces hypothèses, l’arrestation des 49 soldats ivoiriens n’a pas été une improvisation de la junte, encore moins l’accusation à leur encontre. Après les premières déclarations empreintes d’hostilités mutuelles, les Nations-Unies, impliquées dans l’affaire par le truchement de la MINUSMA qui est citée par la Côte d’Ivoire, ont reconnu « un dysfonctionnement » dans le déploiement de cette mission au Mali. Cela a été confirmé par le ministre, directeur de cabinet du président ivoirien : « La République de la Côte d’Ivoire déplore que des manquements et des incompréhensions aient été à l’origine de cet événement fortement regrettable », a dit Fidèle Sarassoro.

La tension était vive entre les deux pays et nulle place était laissée au dialogue. Le Togo ne pouvait donc en toute logique, réussir à lui seul le dégel. L’intervention du Président Sénégalais, et par-dessus, président de l’Union africaine a été d’une importance capitale. Lors de sa visite le 15 août dernier, il a réussi à baliser le chemin au dialogue dans une discussion franche qu’il a eue avec le chef la junte malienne. Les discussions sont toujours en cours pour la libération des 46 soldats restants.

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