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Burkina Faso : Entre crise humanitaire et priorité démocratique, quelle urgence ?

Le Burkina peut-t-il faire face aux impératifs de la famine ? C’est la question que l’on se pose devant le tableau très sombre des crises multiples auxquelles le pays fait face. Des défis multiples s’imposent à ce pays sahélien.

Le retour à un ordre constitutionnel reste une priorité intransigeante. Mais, il ne sera effectif qu’a postériori d’une autorité retrouvée de l’État sur l’ensemble de son territoire. Autrement, le problème de l’insécurité face au terrorisme va être stagnant au mieux ou grandissant au pire.

Pendant que les calculs politiciens font prévaloir le besoin express de l’organisation des élections, avec exigence calendaire, des communautés sont en train d’être dévastées par la faim.

Désemparées, les femmes de la province du Yagha ont battu le macadam pour réclamer la réaction rapide des autorités face à leur situation de famine. Elles ont marché jusqu’à Sebba, chef-lieu de la province du Yagha, ce 17 septembre 2022. La localité, dépourvue d’autorité administrative, c’est la gendarmerie de Sebba qui a reçu les doléances des femmes. « Nous sommes venues ce matin vous dire que nous mourons de faim. Nous n’avons pas de quoi manger. Il n’y a pas d’eau. Si le ravitaillement de Sebba excède 48 heures, nous allons mourir de faim. Nous allons sortir et marcher jusqu’à Dori, peu importe ce qui nous arrivera », ont laissé entendre les femmes.

La famine est un avatar d’une crise humanitaire qui secoue le pays, a cause, non seulement des incursions régulières des terroristes, mais aussi de la sécheresse qui y sévit.

Les déplacés internes au Burkina Faso avoisinent déjà deux millions de personnes. C’est énorme et les seules réponses ponctuelles de la communautaire humanitaire ne peuvent suffire pour faire face aux besoins croissants des populations affectées.

En effet, les populations déplacées sont en majorité des paysans qui ont été obligés de délaisser leurs champs et leurs bétails. Cela rajoute une pression supplémentaire sur la réserve nationale de vivres et même sur la réserve des autres pays de la sous-région.

Le secteur agricole constitue une composante importante de l’économie du Burkina Faso. Il contribue pour 35 % au produit Intérieur Brut (PIB) du pays et génère 82% d’emplois. Quand on considère ces proportions, on se rend compte que le pays vit un désastre humanitaire.

Par ailleurs, on n’a pas l’impression que les acteurs du pouvoir politique semblent préoccupés par une solution rapide. C’est face à cette scène apocalyptique que politiques et militaires assoiffés de pouvoir se livrent au bal de fourberie.

L’urgence sécuritaire au Faso exige aussi de faire face à l’urgence humanitaire. Il s’agit donc de redisposer les populations déplacées dans des zones favorables à leurs activités initiales. Cette politique pourra permettre à ces populations d’asseoir leur souveraineté alimentaire. Et, Cela précède toute priorité démocratique et constitutionnelle. Car en vérité, le Burkina-Faso n’avait pas besoin d’un coup d’État.

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