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Burkina Faso : Ce que l’on reproche à Damiba et le sentiment anti-français

On peut se demander si la France est un bouc émissaire dans la crise sécuritaire au Sahel ? En l’espace de huit mois seulement, le Burkina Faso a vécu deux coups d’État. Le tout dernier perpétré ce vendredi 30 septembre 2022, traîne avec lui, des émeutes. Ces manifestations sont nourries d’un sentiment anti-français. Celui-ci est de plus en plus grandissant au Sahel et se généralise dans les pays africains.

Quelques heures après l’éviction du lieutenant-Colonel Paul Henri Sandaogo Damiba, des informations lues à la télévision nationale ont attisé le sentiment anti-français déjà latent.

Les putschistes ont déclaré que le président déchu « s’est réfugié dans la base française à Kamboinsin et qu’il veut tenter une contre-offensive ». Telle une traînée de poudre, cette information ventilée dans le pays a fait mobiliser des jeunes qui se sont violemment pris aux symboles français, en commençant par l’ambassade de France à Ougadougou. La France a aussitôt démenti cette information avant que le colonel Damiba ne l’infirme aussi.

L’ancienne puissance colonisatrice n’est pas en odeur de sainteté avec la jeunesse des pays du Sahel depuis quelques années. Celle-ci, plus instruite que leurs parents, estime que leurs pays sont spoliés par la France. Du Mali au Tchad en passant par le Burkina-Faso et le Niger, le constat est le même. La jeunesse est plus virulente contre les dirigeants pro Français. Même dans les pays qui bénéficient d’une situation sécuritaire pacifique, le sentiment anti-français est présent. Les violences de mars 2021 qui ont ciblé les enseignes français au Sénégal sont des exemples palpables.

Depuis l’année dernière où le divorce est consommé entre Bamako et les forces françaises au Mali, les convois français sont attaqués dans diverses villes du Sahel. Ces attaques symbolisent le rejet complet de toute collaboration militaire avec la France.

Damiba a pris le pouvoir des mains d’un président régulièrement élu qui perd tout moyen à endiguer le phénomène d’insécurité. C’est tout comme ce qu’il s’était passé au Mali en 2013. Mais il est reproché au Colonel burkinabé de s’être écarté des objectifs qui ont motivé sa prise du pouvoir. Il est dit qu’il fait plus de politiques _ réconciliation _ invitation de l’ancien président Blaise Compaoré au Burkina sans qu’il ne soit inquiété par la justice. À tout cela s’ajoute son rapprochement avec la France par sa collaboration avec la force Barkhane. Les nouveaux maîtres du palais de Kosyam ont affirmé : « Loin de libérer les territoires qui étaient occupés de nouvelles zones sont tombées sous le contrôle de groupes armés. Notre peuple vaillant a assez souffert et souffre encore ». Tout porte à croire que les jeunes officiers burkinabè veulent emboiter les pas à la junte malienne. 

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