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Burkina Faso : Pourquoi l’ambassade de France est-elle attaquée ?

Au lendemain du putsch qui a renversé le Colonel Paul Henri Sandaogo Damiba, des manifestants ont pris la France à partie. Ouagadougou et d’autres villes du Faso ont été des théâtres de violences et d’actes de vandalisme. L’ambassade de France à Ouagadougou a été prise pour cible. Après avoir tenté de briser les vitres et d’enfoncer les portes blindées, les manifestants ont finalement allumé un feu sur la façade du bâtiment diplomatique.
Les accusations contre la France
Ces scènes apocalyptiques font suite à la déclaration des putschistes accusant la France d’abriter le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba dans une de ses bases militaires. Une information que la France a aussitôt infirmée à travers son ministère des Affaires étrangères.
« Le camp où se trouvent les forces françaises n’a jamais accueilli Paul-Henri Sandaogo Damiba, pas davantage que notre ambassade », a assuré les services diplomatiques françaises dans un communiqué.
Tout comme pour contredire le démenti français, le capitaine Ibrahim Traoré, le nouveau putschiste a fait lire à l’un de ses hommes que le « lieutenant-colonel Damiba se serait réfugié au sein de la base militaire française à Kamboinsin (banlieue nord de Ouagadougou) » pour « planifier une contre-offensive afin de semer le trouble au sein de nos forces de défense et de sécurité », dans un communiqué à la télévision publique.
Les manifestants qui saluent ce coup d’État ont cru mordicus à cette information : « Nous sommes ici pour exiger le départ de l’armée française. C’est elle qui protège Damiba », a indiqué un manifestant. « Nous sommes sortis pour soutenir les militaires qui ont renversé Damiba. IL travaille pour la France », a affirmé un autre accusant la France de protéger Damiba.
L’ombre de la France est également perçue par des manifestants dans les décisions de la CEDEAO (Communauté économique des états de l’Afrique de l’ouest). L’organisation régionale, réfractaire à la prise du pouvoir par les armes, prend à tous les coups des sanctions sévères contre les putschistes. Malheureusement, ce sont les peuples qui payent le prix fort des sanctions qui visent les juntes. Les diatribes entre la France et la junte malienne et les sanctions de la CEDEAO prononcées dans la foulée ont laissé cette perception.
Cependant, cette réflexion n’est pourtant pas erronée. Le président de la CEDEAO, s’est rendu, ce lundi 3 octobre à Paris pour discuter avec son homologue français de la situation politique au Burkina Faso. Aux yeux de certains observateurs comme le Dr Yvan Guichaoua, Spécialiste du Sahel, Chercheur et maître de conférences à la Brussels School of International Studies, cette visite n’est pas une bonne approche. « Recevoir Embalo Sissoco à Paris à la veille d’une mission CEDEAO au Burkina », a-t-il écrit sur Twitter.
L’Influence russe
Le peuple Burkinabé est éreinté de la présence française à son côté, sans résultat, depuis l’avènement des insurrections terroristes. Ce peuple tout comme les militaires aux fronts manifestent la volonté légitime d’aller vers d’autres partenaires pour venir à bout de ces attaques terroristes. «Il y a beaucoup de partenaires, la France est un partenaire, il y a beaucoup d’autres partenaires. Donc, il n’y a pas une cible prioritaire », a déclaré le tout nouveau président de la transition Burkinabé.
Pour plusieurs observateurs, les attaques des enseignes françaises sont commanditées par la Russie. Il faut dire que les anciens pays du bloc communiste gagnent de plus en influence sur le continent en général et au Sahel en particulier. Les manifestants qui soutiennent la junte ont brandi des drapeaux russes ce week-end à Ouagadougou.
« La Russie est un État comme les autres, on est déjà en partenariat comme vous pouvez le constater. Même dans notre armée, nous utilisons beaucoup de matériels russes. Donc, c’est déjà un partenaire pour le Burkina Faso. Je ne vois pas quelle particularité il y a à voir un drapeau russe que l’on brandit à Ouagadougou », a laissé entendre le Capitaine Ibrahim Traoré.

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