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Qatar 2022 : Le bilan humain de la coupe du monde fait débat

Le Qatar accueillera la 22e édition de la coupe du monde. Mais depuis cette attribution, des milliers de migrants sont morts sur les chantiers. D’après les organisations de défense des droits humains, la majeure partie de ces décès seraient causés par les conditions de travail dangereuses.

Plus de 6 500 travailleurs migrants sont décédés sur les chantiers au Qatar depuis l’attribution de la coupe du monde en 2010. C’est ce que révèle une enquête faite par le journal britannique The Guardian en février 2021. Ces chiffres ont été fournis par les pays d’origine de ces travailleurs. Les données fournies par l’Inde, le Bangladesh, le Népal et le Sri Lanka révèlent que 5 927 travailleurs migrants sont décédés entre 2011 et 2020. Par ailleurs, les données de l’ambassade du Pakistan au Qatar font état de 824 décès supplémentaires de travailleurs pakistanais, entre 2010 et 2020. L’enquête souligne que ce chiffre pourrait être largement sous-estimé. Le Qatar emploie environ 2 millions de travailleurs migrants, soit près de 90 % de sa population totale.

Ces chiffres sont largement contestés par les autorités qataries et les officiels de la FIFA. Au moment de la publication de cette enquête, le comité d’organisation de la Coupe du monde évoquait 37 morts parmi les ouvriers, dont 34 qui n’étaient « pas liées à leur mission ». Une formulation qui dédouane le pays organisateur accusé de faire travailler les ouvriers dans des conditions extrêmes. Gianni Infantino, président de la FIFA, expliquait en janvier dernier que ce chiffre de 6 500 morts « était simplement faux ». Et d’assurer que seules trois personnes avaient perdu la vie sur les chantiers qataris. Un chiffre qui se recoupe avec la communication des autorités locales sur les 37 morts dont 34 non liées au travail.

Selon Amnesty international, les conditions de travail difficiles se matérialisent par « l’exposition à une chaleur et une humidité extrême ». Le Qatar avait cependant mis en place des mesures pour alléger les conditions de travail. Parmi elles, l’interdiction du travail à l’extérieur à certaines heures entre le 15 juin et le 31 août. En mai 2021, le Qatar a élargi cette période d’interdiction accordant aussi aux ouvriers le droit de cesser de travailler et de porter plainte en cas de préoccupations liées au stress thermique. Mais ces mesures sont jugées « très insuffisantes par rapport à ce qui est nécessaire » par Amnesty International.

L’idée de boycotter la coupe du monde a toujours été brandie par des pays pour contraindre la Qatar à respecter les droits humains. Mais en novembre prochain, tous les pays qualifiés au mondial s’envoleront pour le Qatar. Mais certains d’entre eux ont cependant décidé de protester différemment. Le Danemark par exemple aura un troisième maillot pour la compétition aux couleurs noires en guise de « deuil » pour les victimes sur les chantiers du Mondial. « C’est la couleur parfaite pour la Coupe du monde de cette année », écrit l’équipementier de l’équipe danoise Hummel, sur son compte Instagram.

La Fédération Française de Football s’est engagée publiquement à soutenir la création d’un fonds d’indemnisation des travailleurs migrants au Qatar. En plus de cette action, plusieurs villes françaises ont décidé de ne pas diffuser les matchs du mondial à travers les écrans géants. Cette action, en plus de dénoncer les conditions d’organisation avec le bilan humain, permet aussi de pointer du doigt l’impact écologique du tournoi avec la construction de stades climatisés et les vols quotidiens entre Qatar et les pays voisins pour transporter les supporters.

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