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Tchad : l’opposition peut-elle s’affirmer sous la junte ?

La répression sanglante des manifestations de l’opposition est devenue comme la carte postale du Tchad. Des esprits naïfs pourraient conjuguer cette caractéristique de la vie politique tchadienne au passé après la mort au bout de trente années de pouvoir du « Maréchal Idriss Déby Itno ». C’est une erreur, dont l’opposition paye cache la solde au prix de vies humaines.

Une « cinquantaine » de personnes dont une « dizaine » de membres des forces de sécurité ont été tuées jeudi lors d’affrontements à N’Djamena entre police et manifestants, selon le porte-parole du gouvernement tchadien.

« Tchad, 20 Octobre 2022. Ils tirent sur des Ambulances au sein des hôpitaux. Quand l’humanité a quitté des êtres, et c’est pour installer la dynastie que notre Peuple rejette de façon nette. Il n’y aura pas de Dynastie au Tchad. Le nombre de morts augmente dans tout le pays », a twitté le président du principal parti d’opposition.

Á N’Djamena, des centaines de personnes s’étaient réunies à l’appel de l’opposition après la prolongation pour deux ans de la « transition » au Tchad qui devait s’achever ce jeudi 20 octobre. « Il est minuit ce 20 Octobre, leurs 18 mois sont terminés et ils doivent rentrer dans les casernes comme ils s’y sont engagés. Au lieu de cela, comme des voleurs ils viennent opérer dans la nuit, cherchant à bâillonner un Peuple debout pour la démocratie face au plan de dynastie. », a écrit Sucès Masra le principal opposant et président du parti Les Transformateurs.

Plus tard dans la journée a écrit « Ils nous tirent dessus. Ils tuent notre Peuple. Les Soldats du seul Général qui a refusé d’honorer sa parole et aujourd’hui c’est la fin des 18 mois, voilà comment il entend installer la dynastie en tuant le Peuple », par le même canal.

Condamnation de l’UA

Dans la foulée, l’Union africaine sa Commission a condamné la répression des manifestations. « Je condamne fermement la répression des manifestations qui ont conduit à la mort d’hommes au Tchad », a déclaré le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat, sur son compte Twitter. « J’appelle les parties à respecter la vie humaine et les biens et à privilégier les moyens pacifiques pour surmonter la crise », a ajouté M. Mahamat.

Le silence de la communauté internationale sur la prolongation de la transition dite « exceptionnelle » au Tchad, devrait alerter l’opposition tchadienne. C’est déjà le dialogue national organisé, qui n’est que de nom, qui a abouti à la consécration du Général de 38 ans. Il y a quelques deux semaines que l’opposant tchadien a affirmé : « Nous arrivons à un moment de clarification. Chacun va clarifier sa position et de cela va dépendre la suite du pays. Nous sommes à la croisée des chemins et nous autres qui représentons cette espérance de ce peuple, on nous reprochera tout sauf d’avoir été prévoyant et d’avoir anticipé sur un certain nombre de choses pour nous permettre d’aller vers ce que le peuple tchadien attend. C’est-à-dire la capacité enfin de choisir démocratiquement ses dirigeants. Ce qui n’est jamais arrivé jusqu’à présent. »

 L’UA et nombreux chefs d’Etat africains invités, ont répugné la cérémonie. L’UE et la France « préoccupées » par la remise en cause de « la durée de la transition et de la clause d’inéligibilité », étaient pourtant représentées par leurs ambassadeurs.

La prolongation de la transition et l’éligibilité de M. Déby ont « fait sauter un verrou mis en place par l’UA qui exigeait encore des militaires de limiter à 18 mois la transition et lui rappelait « sans équivoque, qu’aucun » de ses membres ne pourra être candidat aux élections ».

La junte tchadienne s’installe dans la continuité du régime de Déby « le père » avec les mêmes attributs. Procéder au musellement de toutes voix dissonantes par tous les moyens. Le leader du Front pour l’alternance et la concorde Mahamat Madhi Ali a condamné la prolongation de deux ans de la période de transition. Et dans le même temps, la nomination de l’opposant Saleh Kebzabo au poste de Premier ministre disperse l’opposition. On peut le dire sans se tromper qu’il reste encore à venir, de jours très sombres, pour la démocratie tchadienne. Car, la vigueur de celle-ci passe par une opposition forte, capable de s’exprimer au sens large du terme.

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