À la huitième édition du forum de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique, beaucoup de personnalités africaines ont réagit à la situation sécuritaire du continent. La situation que traversent les Etats affaiblis et agressés au Sahel est mis en lumière. A ce sujet, beaucoup d’experts indexent la responsabilité des occidentaux. Ils sont nombreux à imputer la déstabilisation de la région à leur intervention militaire en Libye en 2011. C’est ce qu’a dit clairement Abdoulaye Diop ministre des Affaires étrangères du Mali.
« L’intervention en Lybie est la cause principale de la déstabilisation de toute l’Afrique. Hier, nos chef d’Etat ont parlé, ce n’est pas seulement le Mali, c’est tout le Sahel. C’est l’Est de la RDC jusqu’au Mozambique », a précisé le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop.
La politique de deux poids deux mesures de l’occident dans les financements pour répondre efficacement aux menaces terroristes est largement décriée par les dirigeants et experts africains. C’est d’abord le président Macky Sall qui l’a relevé.
« Au même moment où l’Ukraine est en guerre, est envahie, est agressée, l’Afrique est permanent agressée par le terrorisme international. Au même moment, nous sommes permanemment agressés par les maladies, par le manque de financement », a-t-il déclaré. Il a clarifié que « l’Afrique n’est pas contre l’Ukraine. Il ne faut pas qu’on ait l’impression que les Africains sont insensibles à la situation de l’Ukraine », a-t-il souligné.
À sa suite, l’ancien président du Niger Mahamadou Issoufou, a fait état de l’incompréhension des Africains face au « soutien massif apporté à l’Ukraine » alors que, selon lui, « les yeux sont détournés de la situation au Sahel », s’étonne-t-il. « L’armée comme on le sait c’est la colonne vertébrale de l’État, a-t-il précisé avant de poursuive, malheureusement ces défis sont survenus à un moment où, en réalité, je peux le dire, on n’a pas d’armées capables de faire face aux menaces. Il faut construire ces armées », a-t-il déclaré.
« Ça choque les Africains d’ailleurs de voir les milliards qui pleuvent sur l’Ukraine alors que les regards sont détournés de la situation au Sahel », a-t-il ajouté, soulignant le contraste avec les difficultés rencontrées pour boucler les quelque 400 millions de dollars de budget de la force conjointe du G5 Sahel.
D’autres comme Djimé Adoum, ancien ministre tchadien et actuel haut responsable du Sahel a clarifié comment le continent devait renforcer la capacité de ses forces de défense et de sécurité. « Nous avons besoin de trois choses essentielles : de l’appui logistique, des renseignements, et de la formation car c’est une guerre asymétrique. Mais il faut que les gens s’adaptent aux nouvelles tactiques du terrorisme. Et faire en sorte que nos forces de défense et de sécurité aient l’appui nécessaire quand il faut déployer l’État et les services. Il faut également mettre en œuvre des projets à long terme », a-t-il préconisé. Sur plusieurs forums internationaux, le président Macky Sall a martelé à plusieurs reprises que le terrorisme, n’est pas le problème des Africains seuls.
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