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Burkina Faso : Les risques liés au recrutement de 50 000 volontaires dans la lutte anti-terroriste

Dans un entretien ce week-end, le tout nouveau Premier ministre du Burkina Faso a confirmé l’entreprise du gouvernement. Celle de procéder à un recrutement de 50 000 volontaires pour la défense de la patrie (VDP). Il a défendu le projet par cette exhortation : « Nous sommes convaincus que c’est à nous de défendre notre pays. C’est aux Burkinabè de défendre leur territoire. C’est pourquoi, nous appelons les Burkinabè à s’engager sans discrimination d’âge ni de sexe pour la défense du territoire ».

En soi, l’argument est recevable sur le point de la souveraineté défensive. Cette opération n’est pas une première dans l’histoire récente de lutte contre le terrorisme de ce pays Sahélien. Pour la première fois, l’initiative a été prise sous le régime du président Roch Marc Christian Kaboré. Mais c’est une longue tradition des groupes d’auto-défense qui a connu une montée exponentielle depuis 2015 avec la recrudescence des attaques terroristes.

On peut trouver que c’est une bonne stratégie pour non seulement renforcer la défense du territoire, mais aussi reconquérir les 4O% du territoire qui sont sous l’emprise du terrorisme. Les 50 mille VDP sont répartis comme suit : 35 000 supplétifs de l’armée seront répartis dans chaque commune tandis qu’une force de 15 000 hommes pourra être déployée sur l’ensemble du territoire national.

Le plan est noble. Seulement, il est risqué à plusieurs égards dont la formation de cette catégorie de personnel et leur intégration à l’armée de façon régulière. D’habitude, ils sont formés en seulement deux semaines. Or leur mission n’est pas moins importante. « Les VDP appuient les forces armées à travers des missions opérationnelles et de renseignements », stipule le communiqué annonçant leur recrutement. Cela dit, ils peuvent être employés à d’autres fins dangereuses pour la république après leur démobilisation. Nonobstant, le Premier ministre rassure de leur intégration dans l’armée. « Le chef de l’Etat m’a assuré que le recrutement dans l’armée se fera à travers les VDP. Ils seront prioritaires dans l’intégration dans l’armée », a affirmé Me Appolinaire Kyelem de Tambela.

Le deuxième risque non moins considérable est celui d’infiltration, étant donné que le terrorisme est une nébuleuse asymétrique. Le risque d’infiltration est à craindre en ce sens que, rappelons-le, ces éléments seront utilisés aussi bien dans les renseignements que dans l’opérationnalisation. A juste titre, beaucoup d’opinions ont contesté le dispositif depuis son avènement. A tort ? Peut-être ! Mais les faits montrent une multiplication plus accrue des attaques des positions de l’armées. Pire, de plus en plus d’embuscades sont tendues aux escortes des forces de défense et de sécurité. Il est bien possible que ces attaques aient un lien avec le recrutement des volontaires. Le manque d’expertise opérationnelle de ces éléments pourrait être un point non négligeable en ce sens que cela favorisera le massacre des milliers de burkinabè dans la défense de leur patrie.

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