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Lutte contre le terrorisme au Sahel : L’armée peut-elle riposter sans être accusée ?

Il n’est point un doute que la crise terroriste au Sahel met rudement à l’épreuve les gouvernements des différents États secoués. Les systèmes de défense sont éprouvés au point qu’on a cru un moment que l’inefficacité de la réponse militaire relevait uniquement d’une faiblesse de management. Les gouvernants sont accusés à tort ou à raison de n’être suffisamment pas prévenants dans l’organisation de la défense territoriale.

Ces accusations ont entrainé des mouvements subversifs menés aussi bien par des civils que par des militaires. L’on se souvient encore des soulèvements populaires contre le régime d’Ibrahim Boubacar Keïta ayant précédé la destitution du président malien. Le même scénario s’est produit au Burkina Faso voisin.

La prise du pouvoir par des militaires est saluée par des populations. Celles-ci espèrent retrouver, à la tête des États, les profils pouvant mettre fin au cycle de violences qu’elles subissent. Malheureusement, les mois s’écoulent sans que l’on parvienne à détruire totalement l’hydre terrorisme.

Au fond, c’est la nature même du terrorisme qui rend très complexe son éradication. Au Burkina Faso tout comme au Mali voisin, les forces de défense et de sécurité sont régulièrement accusées d’exactions et de massacres de populations civiles.

La dernière en date, c’est celle du 9 novembre, portée par le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) qui a alerté le gouvernement burkinabè des « tirs d’obus sur les villages de Holdé, Yaté, Ména et Dabere-Pogowel », effectués par le 14ème régiment inter-armée de Djibo. Les forces de défense et de sécurité burkinabè (FDS) ainsi que les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) sont soupçonnés d’avoir tué de nombreux civils, dans plusieurs villages près de Djibo, dans la région du Sahel, dans le nord du pays.

Le HCDH estime que des femmes et des enfants font partie des victimes : « Nous avons reçu de sérieuses accusations en ce sens », explique Seif Magango, porte-parole du HCDH.

Ce sont là des accusations très graves mais qui portent entorse à la dynamique offensive militaire contre les groupes armés. De quels moyens disposent les militaires pour trier sereinement les terroristes des populations innocentes ? La lutte militaire contre le terrorisme est une guerre asymétrique où l’ennemie n’est pas identifiable par son uniforme. Dans la plupart des cas, les assaillants se dissimulent au sein des populations que l’armée a l’obligation de protéger. C’est cette équation qui rend difficile l’action militaire et continue de donner une longueur d’avance aux terroristes face aux opérations militaires.

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