En guise de conclusion des 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre, le bureau de Dakar de l’Agence Italienne pour la Coopération au Développement (AICS) et ses partenaires organisent un colloque scientifique sur le thème “Re-penser ensemble” les 9 et 10 décembre à l’Ecole normale supérieure de Dakar.
Cette rencontre de haut niveau réunit chercheurs et activistes pour clore la campagne de lutte contre les violences basées sur le genre. Elle vise à consolider les relations entre institutions, organisations et universitaires dans une perspective de faire émerger de nouvelles voix et de mettre l’accent sur les données scientifiques. “Souvent, on parle, on manifeste des opinions sur des aspects qui ne sont souvent pas basés sur des données. Les deux jours qui vont se dérouler ont justement cette approche, c’est-à-dire expliquer et travailler sur des données plutôt que sur des aspects subjectifs”, a déclaré Marco Falcone, directeur de l’agence italienne.
Ce premier colloque vise donc à rassembler des chercheurs et des acteurs en vue de trouver des solutions sur les sujets tels que les violences basées sur le genre, le féminisme et les droits humains entre autres. À travers cinq plénières, l’initiative compte donner la parole aux professionnels et producteurs de connaissances afin d’encourager des débats plus solides avec une base scientifique rigoureuse qui permette de traiter la question du genre.
Alors que la “situation mondiale (est) problématique” selon M. Falcone, l’égalité des genres reste une priorité mondiale. Les chiffres sont alarmants : selon l’ONU, citée par la psychologue et activiste Khaïra Thiam, “une femme sur trois meurt des coups de son mari”. Les 16 jours d’activisme prennent fin samedi 10 décembre, elles permettent de projeter ces problématiques sur la sphère publique, mais le combat va plus loin. “On est dans un environnement dans lequel circule des idéologies fausses et infondées et notre devoir en tant que scientifique est de défaire ce discours”, a soutenu Mme Thiam.
» Je dénonce les coups qu’elle a reçu mais en revanche c’est une plateforme qui va nous obliger à devoir regarder ce problème en face »
Elle a d’ailleurs condamné l’acte de violence noté à l’Assemblée nationale contre la députée Amy Ndiaye Gniby. “Je suis navrée pour la députée et je dénonce les coups qu’elle a reçus, mais en revanche, c’est une plateforme qui va nous obliger à devoir regarder ce problème en face parce qu’on a souvent tendance à dire “le Sénégal, c’est le pays de la téranga, on n’est pas si mal placé que ça en termes de chiffres”. Mais dans la violence concrète, celle qui ne se dit pas, celle qui n’arrive pas dans les postes de police ou à l’hôpital, c’est du quotidien”, a-t-elle ajouté en qualifiant le Sénégal de pays très violent et en appelant l’Etat à agir.
Pour la coordinatrice du PASNEEG (Projet d’appui à la stratégie nationale pour l’équité et l’égalité des genres), le Sénégal est sur la bonne voie grâce en partie aux politiques publiques. “Nous sommes dans une société conservatrice où pendant longtemps, au nom du « mougn » et du “soutoura” les gens ne dénonçaient pas, mais aujourd’hui avec le numéro vert, les centres d’écoutes, il y a de plus en plus de dénonciation”, a dit Awa Nguer Fall.
“La campagne des 16 jours se termine demain, et en lançant la campagne, Mme le ministre a lancé la ligne d’écoute destinée aux femmes et aux enfants victimes de violences. Et toutes nos actions de ces 16 jours ont été structurées par cette campagne de vulgarisation de la ligne 116 en plus de la vulgarisation de la loi criminalisant le viol en 14 langues”, a-t-elle dit.
Pendant deux jours, scientifiques et activistes vont se réunir pour clore la campagne de lutte contre les violences basées sur le genre et réfléchir sur des actions de lutte communes avec en toile de fond un regard sur les données scientifiques, une importante panoplie à intégrer dans le discours et dans les actions.
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