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La motion de censure contre le gouvernement d’Amadou Ba rejetée

Les députés se sont réunis ce jeudi 15 décembre pour voter une motion de censure contre le gouvernement d’Amadou Ba, premier ministre. Une motion finalement rejetée à l’issue du scrutin.

72h après sa déclaration de politique générale, le premier ministre s’est présenté de nouveau à l’assemblée nationale, suite à une motion de censure déposée par le groupe parlementaire Yewwi Askan Wi, principale coalition de l’opposition. Si cette motion passe, le gouvernement sera contraint de présenter sa démission conformément à l’article 86 de la constitution.

Selon Birame Souleye Diop, président du groupe parlementaire Yewwi Askan Wi, « cette motion se présente comme une motion de défiance à l’endroit du Premier Ministre qui, au terme de sa déclaration de politique générale, comme je lui avais tout gentiment demandé, n’a pas voulu poser la question du vote de confiance .Donc, poursuit-il, on peut probablement l’assimiler à une volonté politique de bloquer la démocratie par une attitude de méfiance à la légitimité du suffrage universel. »

Pour que cette motion passe, il faut que la majorité absolue vote « pour », soit 83 des 165 députés qui composent l’hémicycle. Après plus d’1h30 de débats animés par les parlementaires, parmi lesquels des membres de l’opposition qui estiment que le premier ministre a voulu passer outre leur confiance, ce dernier a a jugé cette qualification « inadéquate », car selon lui, les instigateurs de cette motion veulent « transformer en obligation ce que l’article 55 de notre constitution, considère comme une faculté, laissé à l’appréciation du premier ministre »

« Après sa nomination, le Premier Ministre fait sa déclaration de politique générale devant l’Assemblée nationale. Cette déclaration est suivie d’un débat qui peut, à la demande du Premier Ministre, donner lieu à un vote de confiance…»

Extrait de l’article 55 de la constitution

Une opposition fissurée

Au final, sur les 165 députés, seuls 55 ont votés pour cette motion, bien loin des 83 voix requises, ce qui entraine simplement son rejet. Une décision bien accueillie par les députés de la majorité parlementaire, qui dénonce une tentative de prise en otage du peuple par les députés de l’opposition. « Il faudrait qu’il y’ait une formation politique avant d’arriver. Cette formation politique voudrait que aujourd’hui, les députés ne soient pas là pour prendre en otage les sénégalais », estime le député Malick Diop, membre de la coalition Benno Bokk Yaakar.

Du côté de l’opposition, ce vote témoigne d’une scission entre les deux principales coalitions qui la forment, Yewwi Askan Wi et Wallu Sénégal, qui ont respectivement 53 et 27 députés à l’hémicycle. Au perchoir, le député Cheikh Bara Doly, membre de Wallu, a dénoncé un manque de considération de YAW à leur égard, qui n’a pas sollicité leur avis avant le dépôt de la motion, raison pour laquelle ils ne l’ont pas votée. Une situation qui laisse entrevoir des divergences au sein de l’opposition, qui pour la première fois de l’histoire du Sénégal, a autant de sièges. Mais pour le président du groupe parlementaire Wallu Sénégal, il n’y a pas de doute à avoir sur la position de sa coalition. « Notre groupe est bien dans l’opposition et travaille toujours pour la reconquête du pouvoir », a martelé Mamadou Lamine Thiam.

La première motion de censure du Sénégal a été votée en 1962, ce qui avait conduit à la destitution de Mamadou Dia, alors président du Conseil du gouvernement. La deuxième a été déposée en décembre 2012 contre le gouvernement d’Abdoul Mbaye et s’est soldée par un rejet.