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Qatargate : retour sur le scandale qui secoue le Parlement européen

La semaine dernière, quatre personnes dont une vice-présidente du Parlement européen, Eva Kaili, ont été incarcérées à Bruxelles dans le cadre d’une enquête sur des soupçons de corruption au profit du Qatar. Un scandale financier qui a ébranlé l’organisation européenne après la saisine de plus d’un million d’euros aux domiciles de deux des accusés. L’enquête ouverte vise des faits de “corruption” et de “blanchiment d’argent” en bande organisée, a informé le Parquet.

“Est suspecté le versement d’importantes sommes d’argent ou l’offre de cadeaux significatifs à des tiers ayant une position politique et/ou stratégique permettant, au sein du Parlement européen, d’influencer les décisions”, a déclaré l’organe européen. Les accusations concernent entre autres les députés Eva Kili, vice-présidente du parlement, l’ancien eurodéputé socialiste Pier-Antonio Panzeri, le secrétaire général de la CSI Luca Visentini, ainsi que Francesco Giorgi, un assistant parlementaire.

Interpellée vendredi 9 décembre par la police belge dans le cadre d’une opération anti-corruption, la vice-présidente du Parlement européen est soupçonnée d’avoir empoché de l’argent du Qatar afin d’influencer des décisions en faveur du pays du Golfe au sein de l’Union européenne. L’eurodéputée Grecque a démenti les faits qui lui sont reprochés.

La députée a aussitôt perdu ses privilèges de parlementaires, a annoncé la présidente de l’organisation Roberta Metsola. Elle a promis qu’il n’y aura “aucune impunité” et que “rien ne sera mis sous le tapis” dans le cadre de cette affaire. “Nous allons lancer un processus de réforme pour voir qui a accès à nos locaux, comment ces organisations, ONG et personnes sont financées, quels liens ils entretiennent avec des pays tiers, nous demanderons plus de transparence sur les réunions avec des acteurs étrangers”, a-t-elle dit.

Doha a, de son côté, démenti son implication dans cette affaire et condamné les sanctions entreprises à l’encontre de certains de ses représentants. “Toute allégation de mauvaise conduite de la part de l’Etat du Qatar relève d’informations gravement erronées”, a affirmé samedi un responsable du gouvernement qatarien.

Transparency International a dénoncé “une culture de l’impunité” au sein de l’organisation. “S’il s’agit peut-être du cas le plus flagrant de corruption présumée que le Parlement européen ait connu depuis de nombreuses années, il ne s’agit pas d’un incident isolé. Pendant plusieurs décennies, le Parlement a laissé se développer une culture de l’impunité, combinant des règles et des contrôles financiers laxistes et une absence totale de contrôle éthique indépendant (voire inexistant)”, a écrit l’organisation qui lutte contre la corruption.

Les accusés ont tenu des propos avantageux envers le petit émirat qui est critiqué pour des atteintes aux droits humains et des conditions de travail indignes sur les chantiers de la Coupe du monde de football. Le Qatar n’est pas le seul pays cité dans cette affaire malgré sa dénomination. La presse a aussi révélé que des députés italiens auraient été payés par le Maroc pour défendre les intérêts du pays africain.

Cette affaire de corruption est un scandale comme jamais il n’y en a eu au Parlement et a mis les eurodéputés face à un dilemme de taille. Les dirigeants européens ont déjà pris des mesures contre le Qatar, un pays en position “de force” grâce à son gaz naturel, mais aussi des résolutions pour lutter contre la corruption à une plus large échelle.

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