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“Et si le Soldat inconnu était un tirailleur sénégalais?”

“Et si le Soldat inconnu était un tirailleur sénégalais”, cette interrogation aurait trotté dans la tête d’Omar Sy pendant plus de 10 ans. Lorsque Mathieu Vadepied (réalisateur du film ‘Tirailleurs’), alors chef opérateur, lui pose cette question lors du tournage de ‘Intouchables’, Omar Sy est pris de court. Comment ne s’est-il jamais posé cette question, s’est-il demandé ?

Pour l’histoire, le Soldat inconnu est une sépulture non identifiée installée sous l’Arc de triomphe, en plein cœur de Paris depuis le 11 novembre 1920, qui symbolise et rend hommage à tous les soldats morts pour la France lors de la Première Guerre mondiale. Et pour le réalisateur, il s’agit là d’une opportunité de relier les deux histoires, celle de la France et celle des tirailleurs africains. Et dans une plus grande ouverture, relier les soldats africains ayant participé à l’une des plus grandes batailles mondiales au concert du monde.

“Tous les 11 novembre, quand on fête le Soldat inconnu et qu’on rend hommage à tous ces soldats qui se sont battus pendant la guerre”, il faut aussi penser aux tirailleurs africains, estime Omar Sy. ‘Tirailleurs’ est un film pour “transformer la vision qu’on a de notre société, montrer d’où vient sa richesse, sa diversité. Le film doit interroger cela, déclencher de la curiosité. Il doit, je l’espère, toucher ceux qui sont enfermés dans leur peur, dire la beauté des cultures, des façons de vivre, des langues, et cette acceptation, ce désir de la différence, car elle est une force”, soutient Mathieu Vadepied.

« Ce n’est pas un film sur la guerre, c’est un film pendant la guerre »

Omar Sy

Le film est une histoire de courage et d’émancipation d’un fils aîné, une histoire qui met en valeur l’amour d’un père pour mettre en lumière l’héritage des tirailleurs et humaniser ses soldats et leurs histoires “pour que la guerre soit un décor de circonstances et je trouve que c’est une très belle façon de parler de la guerre (parce que) ce n’est pas un film sur la guerre, c’est un film pendant la guerre”, soutient franco-sénégalais.

Par cette histoire intime, le long-métrage revient sur un fait universel : l’amour et la guerre. Dans une langue locale qui est le peul, ‘Tirailleurs’ prend une autre dimension en contant l’histoire, le sentiment de “déportation” et “l’absurdité” de se battre pour un pays étranger et « une nation dont on ne connaît même pas la langue. » Pour Omar Sy, “tout cela est très significatif en termes de sacrifices”.

Une histoire vieille de plus d’un siècle qui prend source avec une connexion particulière et de longue date qu’a eu le réalisateur français. “A 18 ans, je suis venu au Sénégal et j’ai rencontré un tirailleur de la deuxième guerre mondiale”, explique Mathieu Vadepied et “c’est un faisceau de raisons qui m’ont amené à me questionner sur le passé en commun et la nécessité de le reconnaître, de le regarder, de dire la douleur de ça et de transmettre cette histoire”, ajoute le réalisateur.

Un film plein de sens qui touche personnellement les spectateurs africains à cause de ‘Thiaroye 44’. “C’est très important de mettre les tirailleurs en valeur et de montrer ce qu’ils ont fait pour la France, surtout qu’on n’en parle pas beaucoup à l’école », a dit une spectatrice. Une idée partagée par le réalisateur et l’acteur qui soutiennent l’importance de la représentation et la nécessité d’aborder ces questions pour les générations futures.

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