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Le Chemin de fer sénégalais encore dans l’attente d’une réhabilitation

Le transport routier est le moyen de déplacement privilégié des sénégalais. Seulement voilà, c’est aussi la voie qui la plus mortelle, 754 décès enregistrés chaque année, selon l’Agence nationale de la sécurité routière (Anaser). La voie ferroviaire, qui constituait une solide alternative pour décongestionner les routes Sénégalaises, est à l’arrêt depuis, malgré les multiples tentatives de relance.

Différents projets de réhabilitation annoncés au cours des dernières années

Depuis son arrivée au pouvoir, le président Macky Sall a fait de la réhabilitation du Chemin de fer sénégalais, un des principaux axes du plan Sénégal émergent (PSE). En 2014, le gouvernement sénégalais avait alors été chargé de faire un programme de modernisation du transport ferroviaire.

Deux ans plus tard le secrétaire d’État au réseau ferroviaire du Sénégal d’alors Abdou Ndéné Sall, annonçait l’élaboration d’un ambitieux programme de construction de 1 520 kilomètres de nouvelles lignes pour les cinq prochaines années, pour un coût global d’environ 1 390 milliards de F CFA. L’objectif est de revitaliser le secteur ferroviaire en proie à des difficultés depuis plus d’une décennie. Malgré toutes ces annonces, le secteur ferroviaire est au point mort.

Le président Macky Sall lors de l’inauguration du TER, le 14 janvier 2019

Pire, depuis 2019, le chemin de fer est totalement à l’arrêt… du moins pas tout à fait. Le Sénégal s’est doté d’un Train express Régional qui assure la navette entre Dakar et Diamniadio pour l’instant. Un projet qui a coûté pas moins de 750 milliards de FCFA, pour 35 km. Au terme de la deuxième elle permettra de rallier l’aéroport international Blaise Diagne de Diass.

Très loin de résorber le déficit en transport interurbain, son objectif principal est de contribuer à rendre fluide la circulation entre Dakar et sa banlieue.

Le chemin de fer, un important levier économique

D’antan le Sénégal a bénéficié d’un chemin de fer permettant de rallier plusieurs localités du pays. Dakar, Thies, Saint-Louis, Kaolack, Diourbel, Tambacounda, toutes ces régions étaient accessibles par la voie ferrée que le colon français avait mis en place. C’est en 1924, que la ligne Dakar-Bamako fut inaugurée.

Le tracé de la ligne du chemin de fer Dakar-Bamako

Le Mali étant enclavé, le port de Dakar constitue l’un des principaux moyens de ralliement des marchandises. La seule alternative qui s’offre à ce secteur ô combien important de l’économie sénégalo malienne, en l’absence de chemin de fer, est la route.  Quotidiennement, 300 à 400 camions quittent le port de Dakar pour rallier les autres pays de la sous-région en passant par la frontière malienne. Près de 4 million de tonnes de marchandises sont transportées de Dakar à Bamako. Un important flux routier.

Pourquoi cette réhabilitation peine à se concrétiser ?

Plusieurs projets de réhabilitation ont été évoqués depuis la privatisation du chemin de fer en 2003. La gestion était confiée à Transrail une société Sénégalo-malienne, jusqu’à la résiliation de sa concession en 2015.

Durant ses 12 années de fonctionnement, plusieurs actionnaires majoritaires se sont succédé pour entamer le projet : L’entreprise franco-canadienne Canac-Getma, puis l’américaine Savage, suivi du groupe Advens du franco sénégalais Abbas Jaber. Tous ces repreneurs se sont montrés incapables de supporter les charges financières nécessaires à ce projet de grande envergure.

En mars 2016, Transrail laisse la place  à Dakar-Bamako Ferroviaire (DBF), une structure dirigée par le franco sénégalais Kibily Touré qui a engagé un projet de réhabilitation de 20 milliards de francs CFA pour permettre aux trains de rouler entre Dakar et Tambacounda.

De nouvelles promesses du président de la République

« J’ai décidé de réhabiliter la ligne ferroviaire Dakar-Bamako, en commençant par le tronçon Dakar-Tambacounda ». C’est la récente annonce faite par le président de la République lors de l’inauguration de la  route Tambacounda-Goudiry-Kidira-Bakel, en marge du conseil des ministres décentralisé à Tambacounda le 28 décembre dernier.

Une nouvelle promesse qui vient s’ajouter aux précédentes. En attendant le chemin de fer sénégalais se meurt laissant place à une route incapable de contenir tout le flux de voyageurs.

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