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Cameroun : Qui était Martinez Zogo, le journaliste retrouvé mort dans des circonstances troubles ?

Il demeurait introuvable depuis le mardi 17 janvier. Les rumeurs d’un possible enlèvement circulaient dans la capitale camerounaise. Mais le dimanche 22 janvier dans la matinée, le corps sans vie du journaliste Martinez Zogo, 52 ans, sera découvert.

L’opposition et des organisations de défense de la presse dénoncent un « assassinat ». Selon le Syndicat national des journalistes du Cameroun, la dépouille de Martinez Zogo a été retrouvée mutilée et dans un état de putréfaction avancée. Dans un communiqué, le syndicat « dénonce un assassinat odieux aux conséquences qui restreignent encore plus la liberté et la sécurité au Cameroun » appelant les travailleurs des médias à se vêtir de noir le 25 janvier pour marquer leur deuil.

Qui en voudrait au journaliste ?

Directeur général de la radio privée Amplitude FM, Martinez Zogo y animait une émission très suivie à Yaoundé, « Embouteillage ». Dans ce rendez-vous quotidien diffusé du lundi au vendredi, il abordait régulièrement des affaires de corruption, n’hésitant pas à mettre en cause des personnalités importantes du régime de Paul Biya. Il avait notamment été détenu préventivement deux mois en 2020 dans une affaire où il était accusé de diffamation.

Avant sa disparition, Martinez Zogo dénonçait dans ses émissions les malversations financières concernant des dépenses de fonctionnement de l’Etat et celles des interventions en investissement de 2010 à 2021, dont les dépenses s’élèvent à 5.400 milliards de francs CFA. Il disait avoir relevé plusieurs irrégularités et certaines personnalités camerounaises seraient impliquées. Serait-ce la raison de sa mort ? En tout cas, plusieurs zones d’ombre entoure cette affaire. Mais la police camerounaise a annoncé l’ouverture d’une enquête pour élucider ce qui semble être un assassinat.

« Les prochains jours vont être difficiles pour les journalistes au Cameroun »

Cette affaire rappelle une autre qui s’est déroulée quasiment dans les mêmes circonstances au Cameroun, il y’a trois ans. En août 2019, le journaliste Samuel Wazizi est arrêté puis placé en détention. Il est accusé de complicité avec les sécessionnistes anglophones et meurt deux semaines plus tard, Les autorités camerounaises réfutent tout acte de torture et indiquent que le journaliste est décédé des suites d’une infection généralisée. Le syndicat national des journalistes du Cameroun (SNJC) et l’Association camerounaise des journalistes d’expression anglaise ont rejeté cette version. 

Actuellement au Cameroun, les journalistes subissent de grosses pressions dans l’exercice de leur fonction à en croire le journaliste Thierry Eba, membre du SNJC : « Les prochains jours vont être difficiles pour les journalistes au Cameroun, notamment avec cette transition qui est enclenchée. Les clans qui se sont levés pour la lutte à la succession vont tout faire pour broyer ceux qui viendront mettre le nez dans ce jeu de transition. »

Cette « lutte pour la transition » ainsi que les tensions qui ravagent les régions anglophones du pays, placent les journalistes camerounais dans un risque permanent, et la mort de Martinez Zogo vient rappeler cela d’une manière brutale.

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