Cela fait des mois que les populations de Ménaka et les groupes armés locaux signataires de l’accord de paix, qui tentent de protéger les civils face aux attaques de l’État islamique, déplorent le manque d’implication de l’armée malienne face au groupe jihadiste.
Dans un communiqué diffusé ce 24 avril 2023, les Forces armées (Fama) annoncent avoir mené la veille une « action majeure » dans le secteur de Tin-Fadimata, avec arrestations et matériel saisi à la clé.
La région passée sous la domination totale de la branche sahélienne du groupe État islamique, est contrôlée par la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), mouvement signataire de l’accord de paix de 2015. Celle-ci indique que ce sont des combattants issus de ses rangs et non des terroristes qui ont été interpelés.
« Les personnes arrêtées sont toutes membres de la CMA », explique Mohamed El Maouloud Ould Ramadane, porte-parole des ex-rebelles signataires de l’accord de paix de 2015. Qui précise que deux de ces hommes sont eux-mêmes des Fama, membres du mécanisme opérationnel conjoint (Moc). En clair des combattants issus de la CMA et intégrés dans l’armée nationale malienne dite « reconstituée », dans le cadre justement de l’accord de paix. Ces deux soldats avaient obtenu une permission pour célébrer la fin du Ramadan en famille.
Des explications qui permettent de mieux comprendre le communiqué officiel de l’armée malienne qui, après l’annonce des douze arrestations, « invite les mouvements signataires à coordonner leurs mouvements avec les Fama », afin d’« éviter toute confusion pouvant entraîner des tensions sur le terrain ».
Le groupe État islamique a initié il y a plus d’an une vaste offensive dans le Nord-Est du Mali. Depuis la prise de Tidermène, le 10 avril dernier, les jihadistes semblent avoir évincé leurs concurrents d’al-Qaïda et dominent la totalité de la région. Seule la ville de Ménaka reste tenue par l’armée malienne, des groupes armés locaux signataires de l’accord de paix – MSA et Gatia – et les Casques bleus de la Mission multidimensionnelle intégrée des nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma). Mais la ville est dorénavant cernée par les jihadistes de l’EIS, qui ne restent jamais dans les localités attaquées mais circulent en permanence, s’assurant du contrôle du territoire sans s’y établir, selon informations recoupées de RFI.
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