Dans le cadre des activités de dissémination des résultats de leurs recherches portant sur «Développement du Capital Humain en Afrique», le Consortium pour la recherche économique en Afrique (CREA) et son partenaire au Sénégal le Consortium pour la recherche économique et sociale (CRES) ont organisé un atelier de partage le 18 juillet 2023 à Dakar. Cette rencontre a été une opportunité d’échanges entre experts de l’administration publique, chercheurs et acteurs de la société civile autour des travaux menés sur le Sénégal et portant sur : (i) Efficacité du programme couverture maladie universelle (CMU) ; (ii) Migration de retour et insertion professionnelle ; (iii) Participation des femmes au marché du travail et progression scolaire des enfants; (iv) Efficacité de la formation professionnelle en alternance entre l’entreprise et le centre de formation.
Il s’agit de quatre sujets qui ont été investigués par des chercheurs du CRES, de centres de recherche au Cameroun et de l’administration économique du Sénégal. Ces travaux s’inscrivent dans le cadre du programme de recherche du Consortium pour la recherche économique en Afrique basé à Nairobi. Le directeur exécutif du CRES, Professeur Abdoulaye DIAGNE a donné une définition simple du capital humain : « investissements dans l’éducation en général, dans des compétences spécifiques, et dans la santé, ou au fait que le capital humain est indissociable de son détenteur, ne pouvant donc devenir propriété d’un tiers, il est simplement mis à disposition par l’individu. Il dépend des capacités physiques et mentales de l’individu et de son cycle vital », a-t-il déclaré.
Pour le gestionnaire des connaissances du CREA, « La santé publique est essentielle à la croissance inclusive et à la prospérité partagée en Afrique. Il est nécessaire de faciliter les réformes politiques régionales et nationales, les plans d’action et l’apprentissage transnational dans quatre domaines clés : Accroître l’investissement du gouvernement dans les services sociaux; Introduire des réformes et des innovations pour améliorer la prestation de services; S’engager en faveur de l’équité et de l’inclusion », a déclaré Dr. Obadia Miroro, représentant du directeur exécutif du Professeur Théophile T. Azomahou.
L’émissaire du CREA au Sénégal a précisé que les études visent à « générer des données probantes sur les défis liés au développement du capital humain pour un développement accéléré et inclusif; et permettra de s’attaquer aux principaux obstacles à l’accumulation du capital humain, tels que la faiblesse de la gestion des finances publiques et des systèmes de prestation de services ».

Efficacité de la Couverture Maladie Universelle (CMU) au Sénégal
Le programme CMU a permis d’augmenter le nombre d’utilisateurs des services de santé de 17%. Si les non-bénéficiaires avaient été couvert par la CMU, près de 10% d’entre eux auraient bénéficié de soins de santé grâce au programme. Le programme a permis aux bénéficiaires de réduire d’une unité le nombre de jours non travaillés en raison d’une maladie. Les coûts du programme augmentent avec l’âge. La CMU donne des résultats positifs en termes d’accès aux soins de santé et de productivité. Cependant elle n’est pas rentable en raison des dépenses de santé élevées. Même s’il est inefficient, le programme a un potentiel pour augmenter le nombre de bénéficiaires La poursuite du programme devrait permettre une plus grande couverture. Le programme n’est pas efficient pour la population active (âgée de 15 à 60 ans). Or cette tranche d’âge est la population qui contribue donc le programme devrait opérer une mue pour être plus attractif et attrayant.
Migration et insertion professionnelle au Sénégal
Quelle que soit la zone d’origine, les migrants de retour ont près de 50% de chances de plus de s’intégrer sur le marché du travail que les non-migrants. Les migrants qui proviennent des pays de l’OCDE ont moins de chance de s’insérer que ceux de la CDEAO et ceux du reste du monde.
Avoir un niveau d’éducation primaire agit positivement sur l’insertion professionnelle alors qu’avoir un niveau d’éducation secondaire ou plus agit négativement sur l’insertion professionnelle. Le statut dans le pays d’accueil, le mode de retour, ainsi que les compétences acquises et le capital social, jouent un rôle important dans la réintégration économique des migrants de retour. Concernant le statut d’emploi des migrants de retour, le salariat domine lorsqu’ils sont dans les pays d’accueil. Une fois de retour, les migrants de retour ont leur propre emploi. La plupart des migrants évoluent dans le secteur agricole. Une fois dans le pays d’accueil ils s’activent dans le secteur du commerce et reprennent leur activité de départ à leur retour. Les chances de s’insérer sont beaucoup plus importantes que le pensent les migrants qui sont dans les pays d’accueil. Les informations sur le cas de réinsertion devraient être capitalisées et mieux diffusées dans le milieu. Cela doit être accompagné d’une politique pour bien les cibler. Des programmes de réintégration ciblés, tels qu’une formation de requalification pour les migrants de retour ou la création d’environnements mettant davantage à profit leurs compétences, peuvent permettre de mieux les intégrer.
Participation des femmes au marché du travail et progression scolaire de leurs enfants
La participation des mères au marché du travail au Sénégal réduit la probabilité de réussite scolaire des enfants en fin de cycle primaire. Les enfants de mères plus expérimentées avec une éducation de base occupant des emplois hautement qualifiés ont une probabilité plus élevée de réussir leur examen de fin d’études primaires. La taille de la fratrie augmente le risque que les enfants accusent un retard scolaire. La note d’orientation recommande que les décideurs relèvent les défis auxquels sont confrontées les mères qui travaillent en leur fournissant un soutien leur permettant d’équilibrer leurs responsabilités professionnelles et maternelles.
Efficacité de la Formation professionnelle en alternance en entreprise au Sénégal
Dans un contexte de chômage exacerbé comme celui du marché du travail sénégalais la formation en alternance offre des possibilités d’embauche, notamment dans les métiers dont les jeunes rencontrent des difficultés de recrutement. Ce type de formation brise dans certaines mesures les conditions d’insertion qui dépendent généralement du niveau d’études atteint, car, le fait d’avoir entrepris une formation supplémentaire en termes de stage d’apprentissage contribue à faciliter l’accès à l’emploi, même si cette formation n’est pas validée par un diplôme.
De ce fait, le gouvernement gagnerait à élaborer les stratégies efficaces de formation du capital humain pour faire face à la problématique du chômage. Une des stratégies serait de développer et de pérenniser les politiques d’appuis à la formation en alternance. Le gouvernement en collaboration avec les employeurs du secteur privé devrait perdurer et élargir les activités de la CNEE pour promouvoir davantage l’insertion socioprofessionnelle des jeunes. Les individus qui ont suivi la formation en alternance ont tendance à avoir plus de chance d’accéder aux emplois réguliers, stables et avec de meilleures rémunérations que les individus qui n’ont pas suivi cette formation en alternance.
Pour que ces politiques soient efficaces, il faudrait orienter les jeunes bénéficiaires des programmes de formation en alternance vers les secteurs d’activités à forte croissance et de création d’emploi. L’État devrait créer davantage les opportunités de formation en alternance en élargissant sa capacité de contribution à la formation et la capacité de formation des entreprises offrant ladite formation. Pour plus d’efficacité, l’on devrait avoir une politique de communication assurant et motivant les jeunes à s’inscrire aux programmes de formation en alternance afin de pouvoir accompagner un nombre important des jeunes. L’accent doit être mis sur la formation professionnelle en alternance pour résoudre non seulement le problème d’inadéquation entre formation et emploi, mais aussi pour résoudre le problème de manque d’expériences qui constitue un déterminant majeur du chômage a
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