Plusieurs internautes, personnalités et ONG ont réagi aux propos du président tunisien concernant les immigrés subsahariens présents dans son pays. Selon Kaïs Saïed, l’arrivée de « hordes des migrants clandestins » en Tunisie est source de « violence, de crimes et d’actes inacceptables » et il faut mettre rapidement fin à cette immigration qui a pour but de “changer la composition démographique de la Tunisie, et certains individus ont reçu de grosses sommes d’argent pour donner la résidence à des migrants subsahariens”.
« Ce discours provoque une grande déception et une grande consternation », a réagi auprès de l’AFP Romdhane Ben Amor, porte-parole du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES), une ONG spécialisée sur le droit des migrants. « Ce discours raciste et haineux marque un jour triste. Le fait que le président d’un pays signataire de conventions internationales sur l’immigration tienne un tel discours est extrêmement grave », a-t-il ajouté.
Le président tunisien a tenu ces propos lors d’une réunion du Conseil de sécurité nationale « consacrée aux mesures urgentes qui doivent être prises pour faire face à l’arrivée en Tunisie d’un grand nombre de migrants clandestins en provenance d’Afrique subsaharienne », selon un communiqué de la présidence. « Ce discours ne ressemble en rien à la Tunisie. Le standing international de la Tunisie et son histoire humanitaire sont beaucoup plus grands que ce discours », a réagi sur Facebook le président de l’Observatoire tunisien des droits de l’Homme Mostafa Abdelkebir. Mnemty, une autre association qui lutte contre les discriminations, a qualifié le discours de la présidence de « racisme et de haine et d’incitation à la violence contre les migrants subsahariens ».
Kenza Ben Azouz, spécialiste du racisme en Tunisie estime que “Kaïs Saïed s’approprie un discours d’extrême droite sur la migration qu’il n’aurait jamais toléré si celui-ci avait été prononcé en Europe sur la migration irrégulière des Tunisiens ». « En prenant pour bouc émissaire la communauté subsaharienne sans s’attaquer de fond à la question migratoire, il s’ancre dans une logique populiste et opportuniste”, a-t-elle ajouté.
Selon le FTDES, la Tunisie compte plus de 21 000 Africains subsahariens, en majorité en situation irrégulière. La plupart de ces migrants arrivent en Tunisie pour tenter ensuite d’immigrer clandestinement vers l’Europe par la mer. La Tunisie, dont certaines parties des côtes se trouvent à quelque 150 km de l’île italienne Lampedusa, est un point de passage pour des milliers d’Africains qui tentent de rejoindre l’Europe. Selon Info Migrants, spécialiste des questions migratoires, tout au long de l’année écoulée, plus de 32 000 migrants sont arrivés en Italie en provenance de Tunisie, dont 18.000 Tunisiens fuyant la crise économique du pays.
Commentaires