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Burkina Faso : Suspension de France 24, qui de la junte ou du média est allé trop loin ?

Par la voie d’un communiqué, dimanche 26 mars 2023, le gouvernement de transition du Burkina Faso, a annoncé la suspension « sine die » de la diffusion des programmes de la chaîne de télévision France 24. Il est reproché à la télévision d’avoir donné la parole à un chef terroriste. « En ouvrant ses antennes au premier responsable d’Aqmi, France 24 ne fait pas seulement office d’agence de communication pour ces terroristes, pire [elle] offre un espace de légitimation des actions terroristes et des discours de haine véhiculés pour assouvir les visées maléfiques de cette organisation sur le Burkina Faso », indique un communiqué signé du porte-parole du gouvernement, Jean-Emmanuel Ouédraogo.

Le 3 décembre 2023, les autorités d’Ouagadougou avaient déjà suspendu la diffusion de Radio France Internationale (RFI), du même groupe que France 24, France Médias Monde. RFI était notamment accusée d’avoir relayé « un message d’intimidation » attribué à un « chef terroriste ».

Lundi 27 mars, France 24 a produit un communiqué interne dans lequel elle regrette la décision du gouvernement en s’indignant  « des propos outranciers et diffamatoires du gouvernement burkinabè, associant la chaîne à « une agence de communication pour ces terroristes », qui tentent de décrédibiliser la chaîne, dont l’indépendance et la déontologie ne sont plus à démontrer ». Elle a signalé : « la décision de suspendre la chaîne intervient sans préavis et sans que n’aient été mises en œuvre les procédures prévues par la convention de diffusion de France 24 établie par le Conseil Supérieur de la Communication du Burkina Faso ».

Le gouvernement burkinabè reproche à France 24 la diffusion d’une « interview du Chef d’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI)», alors que « jamais la chaîne ne lui a donné la parole directement, prenant soin de relater ses propos sous la forme d’une chronique permettant la distanciation et la contextualisation nécessaires », a martelé le communiqué du média français.

Le ministre burkinabè de la communication et porte-parole du gouvernement affirmé : « Le gouvernement reste profondément attaché à la liberté de presse, à la liberté d’opinion. Mais le Burkina Faso est dans une situation de guerre et nous n’allons accepter que personne aujourd’hui serve d’amplificateur du message terroriste ou de la cause terroriste », a déclaré Emmanuel Ouédraogo lors d’un point de presse.   Il a mentionné que la décision a été prise en toute responsabilisé car il y a deux semaines que le message a été diffué mais que le dossier a été suivi par le Conseil Supérieur de la communication. Par conséquent, assume-t-il le gouvernement ne transigera pas sur la question.

«La crise sécuritaire que traverse le pays ne doit pas être un prétexte pour museler les médias et empêcher les journalistes de la couvrir en toute responsabilité et indépendance», a de son côté réagi Reporters sans frontières (RSF), qui appelle également «les autorités à revenir sur leur décision».

Dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères, la France «regrette la décision prise par les autorités burkinabè de suspendre la diffusion de France 24» tout en réaffirmant «son engagement constant et déterminé en faveur de la liberté de la presse».

Le 6 mars dernier, France 24 avait diffusé des réponses écrites d’Abou Obeida Youssef al-Annabi. Le chef d’Aqmi répondait à une quinzaine de questions posées par le journaliste de la chaîne française et spécialiste des questions jihadistes, Wassim Nasr.

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