A la une International

Côte d’Ivoire : Laurent Gbagbo peut-il opérer l’alternance politique en 2025 ?

Lundi 17 octobre, cela fait un an que le nouveau parti de Laurent Gbagbo est porté sur les fonts baptismaux. C’est l’occasion pour Laurent Gbagbo, président du parti, ancien président de la République de la Côte d’Ivoire, de communier avec ses militants, membres et sympathisants.

Avec la création en 2021 du PPA-CI (Parti des peuples africains- Côte d’Ivoire), Laurent Gbagbo a renoué avec la politique. Après son acquittement définitif en 2019 de la CPI (Cour pénale internationale), l’homme politique qu’il n’a jamais cessé d’être, s’active de plus en plus vers la conquête du pouvoir d’État. Il travaille davantage à faire asseoir la figure emblématique du paysage politique de la Côte d’Ivoire qu’il a longtemps incarnée.

Laurent Gbagbo ne cache pas son ambition de voir son parti grandir et gagner les élections. Tout va vite chez Gbagbo, et il semble qu’il s’attelle au maillage du parti sur l’ensemble du territoire afin de mesurer son poids politique réel aux élections locales prochaines. Il a d’ailleurs appelé ses militants à achever l’implantation du parti à travers le territoire d’ici la fin de l’année. Déjà, des militants issus des instances du parti, on en compte au moins un millier et le PPA-CI se positionne comme la troisième force politique du pays. « Nous sommes à 131 580 militants qui ont effectivement une carte ou un reçu de paiement au PPA-Ci. Nous avons 34% de femmes et 21% de jeunes ! » a détaillé Damana Adia Pickass, secrétaire général du PPA-CI.

L’alternance en 2025 se trouve être un objectif pour Laurent Gbagbo. En même temps, cela est un défi pour la démocratie ivoirienne. « La Constitution dit que tu as deux mandats… y’en a qui disent je n’ai pas fini mon programme, mais en politique on ne finit pas de programme ! Vouloir rester toute sa vie au pouvoir, c’est la dictature ! », a lancé Laurent Gbagbo comme un pied de nez à Alassane Ouattara.

Dans la configuration actuelle de la situation politique en Côte d’Ivoire, les actions du président Alassane Ouattara semblent favorisées l’émergence politique de son adversaire politique de longue date. En septembre 2022, le président ivoirien de la République a annoncé le dégel des comptes bancaires et avoirs de Laurent Gbagbo, ainsi que la réhabilitation et le versement de ses arriérés de la rente viagère en tant qu’ancien président.

Bien avant cette décision, le 6 août 2022, le président Alassane Ouattara a annoncé avoir accordé sa grâce à Laurent Gbagbo pour la peine de 20 ans de prison reçue dans l’affaire du « casse de la BCEAO » se déroulant pendant crise de 2010-2011. Il est a signalé que Gbagbo n’a jamais été arrêté depuis son retour en Côte d’Ivoire pour cette affaire.

Le paradoxe, c’est que cette grâce interdit toutefois à Laurent Gbagbo de se présenter à l’élection présidentielle prévue pour 2025 puisque la condamnation reste inscrite à son casier judiciaire. Cette option sonne comme une volonté de Ouattara à mettre ses « compères » lui-même y compris à une retraite forcée. Depuis l’exile de Guillaume Soro, tombé en disgrâce avec Alassane Ouattara, le président Ivoirien n’a pas travaillé sur un nouveau leader au sein de son parti, capable de prendre le flambeau. La mort de son ancien Premier ministre et présidentiable Amadou Gon Coulibaly l’a obligé à briguer un troisième mandat pour conserver le pouvoir. Laurent Gbagbo et le PPA-CI souhaitaient obtenir une amnistie qui aurait retiré la condamnation de son casier judiciaire. Cela seul peut rendre possible son élection à la tête de la Côte d’Ivoire.

Commentaires

Cliquez ici pour publier un commentaire

error: Content is protected !!