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Tchad : Retour à l’ordre constitutionnel, un processus exclusif de la junte ?

Le Premier ministre de transition a dévoilé les sept (07) étapes qui doivent conduire au rétablissement de l’ordre constitutionnel. Le retour à l’ordre constitutionnel est une condition première pour restaurer la paix dans le cœur des Tchadiens et refonder les assises d’une nation prospère, a-t-il mentionné. Saleh Kebzabo a décliné le 3 novembre un programme indicatif des actions pour le retour à l’ordre constitutionnel. Ce programme politique, qu’il a présenté au Conseil National de Transition (CNT), met en priorité : 1. La rédaction du projet de la nouvelle Constitution ; 2. La mise en place d’un nouveau cadre de concertation des partis politiques ; 3. La mise en place de la nouvelle structure chargée de l’organisation des élections et la révision du fichier électoral ; 4. La mise à jour du découpage territorial ; 5. L’organisation du référendum constitutionnel ; 6. La mise à jour des textes juridiques relatifs aux élections ; 7. L’organisation des élections générales au plus tard la fin de l’année 2024.

« Le Gouvernement de Transition ne sera jugé ou apprécié qu’à travers l’organisation des élections réussies, reflétant la vérité des urnes pour un retour à l’ordre constitutionnel dans le délai imparti », a indiqué Saleh Kebzabo. Mais c’est justement là où se pose la difficulté. Celle de l’inclusion des forces vives et politiques à la réussite de la transition. Mais les choses ne semblent pas aller dans ce sens à l’étape actuelle.

La répression du 20 octobre dernier continue d’agiter l’actualité politique tchadienne. Photos, communiqués, documents officiels à l’appui, les autorités ont donné leur version des faits. Un exercice au cours duquel l’opposant Succès Masra est pointé comme premier responsable, aux côtés du Parti sans frontières, du Parti Atakhadoum et de Wakit Tama.

Le gouvernement a justifié l’usage de la violence des forces de l’ordre en disant : « elles ont agi en légitime défense ». La ligne défensive du pouvoir est que l’opposition cherchait à enclencher un soulèvement populaire, provoquer des affrontements meurtriers, jusqu’à une guerre civile. Et cela justifiait l’interdiction des manifestations visait en fait à neutraliser ce plan. Pour Aziz Mahamat Saleh, porte-parole du gouvernement.

« Il faut rendre le pays ingouvernable et diviser le Tchad. C’était ça l’objectif et donc par tous les moyens, y compris par ces voies insurrectionnelles. Quand on attaque la résidence du président de l’Assemblée nationale, un camp militaire, un commissariat, c’est vraiment tout sauf manifester pacifiquement. Mais je crois qu’au-delà de ce dossier, ce qui est important, c’est quel sera le dossier judiciaire qui sera constitué à travers les preuves réelles qui vont permettre de pouvoir situer toutes les responsabilités ».

Cette stratégie qui cherche à tout prix à déculpabiliser le gouvernement ne peut favoriser la tenue de l’agenda de la transition. Temps qu’il reste des frustrations non seulement chez les politiques mais aussi au niveau victimes et leurs familles, le retour à l’ordre constitutionnel ne sera qu’une mise en scène.

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