C’est une avant-première symbolique pour un film symbolique qui s’est déroulée à Dakar ce mardi 20 décembre aux cinémas Pathé. “Tirailleurs”, le dernier long-métrage de l’acteur Franco-sénégalais Omar Sy réalisé par Mathieu Vadepied représente tout un symbole de reconnaissance. Une production réalisée en partenariat avec deux maisons : le CNC (France) et le FOPICA (Sénégal) disponible dès le 6 janvier dans les salles de cinéma. “Un moment de célébration de ce pan souvent oublié de l’histoire de plusieurs nations africaines et de la France” qui raconte l’histoire des “tirailleurs sénégalais” (les soldats venaient de toutes les colonies françaises d’Afrique) à travers le spectre d’une relation entre un père et un fils.
‘Tirailleurs’ n’est pas un film de guerre comme on a l’habitude d’en voir, le film se déroule pendant la guerre, certes, mais il centre le narratif sous le regard d’un père sénégalais Bakary (Omar Sy) qui s’engage dans l’armée aux côtés de son fils de 17 ans, Thierno (Alassane Diong), enrôlé de force par l’armée française. “C’est important qu’il (le film) sorte ici comme dans toute l’Afrique de l’Ouest (parce que) quand on parle de tirailleurs sénégalais, on parle de tous ces tirailleurs africains qui viennent de tous ces pays-là”, a déclaré Omar Sy.
L’acteur principal et coproducteur du film estime que c’est important que ces soldats soient reconnus. “J’espère qu’avec ce film, on va ouvrir un nouveau chapitre de l’histoire de France et on va un peu plus se plonger sur cette question-là. Sur tous ces soldats qui ont combattu pour la France, mais n’étaient pas considérés comme des Français, qu’on finisse par les reconnaître enfin, et que l’on raconte leur histoire”, a-t-il ajouté.
Tourné entre le Sénégal et la France, ‘Tirailleurs’ met en avant les langues locales de ces combattants africains, dans ce cas le ‘Poular’ accompagne le film, une façon de respecter le narratif de l’histoire. “En tant que metteur en scène, c’était la seule façon de donner une forme d’authenticité aux personnages principaux et de ne pas fabriquer un faux accent, pour une question de dignité du personnage”, a dit Mathieu Vadepied.
Pour le réalisateur français, c’est une succession d’événements et de rencontres qui l’ont poussé à travailler sur cette question des tirailleurs. “C’est un faisceau de raisons qui m’ont amené à me questionner sur le passé en commun et la nécessité de le reconnaître, de le regarder, de dire la douleur de ça et de transmettre cette histoire”, a ajouté M. Vadepied.
Plus d’un siècle après la Première Guerre mondiale, arrive ‘Tirailleurs’, ce second film qui leur est consacré et cette fois-ci produit en France. Une grande avancée qui va permettre de recentrer le débat sur ces oubliés de l’histoire parce qu’aujourd’hui, cette nouvelle jeunesse a besoin de ces repères estime Omar Sy. “On a besoin de ce récit pour notre construction, de prendre l’histoire et de voir comment on se construit avec l’histoire parce qu’on a un pied dans chaque pays et du coup, ce récit est important parce qu’on en a besoin”, a-t-il dit.
L’histoire des tirailleurs dans la grande histoire de France ou même des pays africains est un volet quasi méconnu. À ce jour, le nombre de tirailleurs sénégalais ayant combattu pour la France et le nombre de vies perdues demeurent un mystère. Et alors que la nationalité ainsi que des pensions leur étaient promises à l’issue des affrontements, le drame de ‘Thiaroye 44’ est arrivé et a réduit les espoirs à néant.
Les informations disponibles sur ces anciens tirailleurs africains sont très minimes, “et quand tu pars sur ça, tu ne veux pas faire un discours sur comment c’est bien, comment ce n’est pas bien. Tu ne veux pas faire un cours d’histoire parce que tu n’es pas historien, t’y connais rien, tu ne veux pas faire un autre exposé non plus parce que t’as lu deux ou trois trucs. Tu veux juste raconter une histoire et c’est ce qu’on a fait”, a conclut l’acteur.
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