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Tchad : est-il nécessaire de confier l’organisation du référendum Conorec ?

Limane Mahamat, Président du Conorec, Ministre de l'Administration du territoire

Un projet de loi électorale spécifique relative à l’organisation du référendum constitutionnel a été adopté lors d’un Conseil des ministres extraordinaire. Proposé par la Commission chargée de l’organisation du référendum constitutionnel (Conorec), cette loi attribuera à cet organe l’organisation et la supervision de ce scrutin prévu le 19 novembre 2023. Un texte défendu par le président de la Conorec, Limane Mahamat. Mais la question légitime qui se pose est de se demander s’il était nécessaire de se confier l’organisation du référendum à cette commission.

Le ministre en charge de l’Administration du territoire, Limane Mahamat, est le président du Conorec. C’est déjà biaisé, si l’intention était d’organiser ce référendum participant de l’amorce de la refondation de l’État tchadien.

L’organisation des référendums est initialement attribuée à la Commission nationale électorale indépendante (Céni), notamment le recensement des électeurs. Il serait préférable de laisser les choses en l’état, que de confier l’organisation du référendum à un organisme affilié au gouvernement et dirigé par un ministre de la transition.

Tout laisse à croire que les autorités au Tchad et même leurs soutiens occidentaux n’ont rien à faire des aspirations profondes de ce peuple longtemps dominé par des coups de force aussi militaires que constitutionnels. Le Tchad, un des pays les plus pauvres du continent africain, a-t-il vraiment besoin d’injecter 38,5 milliards dans l’organisation d’un référendum dont tout le processus, de l’organisation des assises nationales à l’élaboration du projet de constitution, ne répond à aucun critère objectif de d’inclusion ? C’est ce que dénonce le juriste et vice-président du parti Les Transformateurs, Sitack Yombatina Béni : « L’intelligence et la sagesse voudraient qu’on soumette au vote deux types de Constitutions produites dans les mêmes formats afin que les Tchadiens et les Tchadiennes puissent, le moment venu, se prononcer là-dessus. On devrait donner du temps aux populations afin de connaître le contenu de ces deux Constitutions. Mais tout semble indiquer que le MPS et l’UNDR veulent imposer leur point de vue aux 17 millions de Tchadiens comme ce qui s’est passé lors du dialogue national inclusif. Donc nous ne sommes pas sortis de l’auberge. »

Ce qui se joue au Tchad, est tout sauf, les prémisses d’une paix durable. Cette loi qui donne l’habilité au Conorec d’organiser les élections est crisogène. C’est ce que semble pourtant confier le conseiller du Premier ministre de la transition, Abderamane Djasnabaye : « J’aurais aimé que dès le départ, quand les gens ont constaté que la structure Conorec n’était pas inclusive, telle que prévue par le dialogue, que ceux-ci réagissent d’une manière énergique et avec beaucoup de rigueur. Mais j’ai constaté un silence au niveau des partis politiques et de la société civile. Aujourd’hui, les choses sont déjà avancées donc c’est un peu difficile de revenir en arrière. Mais il faut que les gens continuent leurs revendications, on verra ce que le gouvernement va faire. », reconnaît-il.

 Ce processus qui doit aboutir au retour à l’ordre constitutionnel est contesté par une partie de la classe politique, parmi lesquels les opposants Max Kemkoye du parti Union des démocrates pour le développement et le progrès (UDP), Succès Masra du parti Les Transformateurs, mais aussi des modérés comme l’ancien Premier ministre de transition Albert Pahimi Padacké.

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