A la rencontre de

« Un vent nouveau a soufflé au Niger » depuis le coup d’État du 26 juillet

À l’instar du Mali, de la Guinée et du Burkina Faso, le Niger n’a pas été épargné par la récente vague de coup d’État qui a touché la zone Ouest de l’Afrique. Le 26 juillet dernier, Mohamed Bazoum, à la tête du pays depuis février 2021, a été renversé par le Général Abdourahman Tiani. Ce putsch a bien évidemment eu des répercussions sur la vie des nigériens. Kader Roukaiyatou Ali Hamani, l’une d’entre elles, se présentant comme « patriote sincère », député junior au parlement des jeunes du Niger et du parlement francophone, nous en dit plus dans cet entretien accordé à Intelligences Magazine.

– Quel est le quotidien des nigériens depuis le coup d’état qui a eu lieu en juillet dernier ?

Pour vous dire, un vent nouveau a soufflé depuis la date susmentionnée et les nigériens dans leur unanimité ont retrouvé une dignité perdue. Ils sont et restent mobilisés comme ça n’a jamais été fait dans le pays et un soutien indéfectible est lancé à travers toutes les couches socio-professionnelles. Je dirai que le quotidien du nigérien est désormais une démarche fière, digne et patriotique.

– Ce n’est pas la première fois que votre nation est confrontée à un événement de ce genre, mais qu’est ce qui rend celui-ci particulier ?

 Si vous ne posez pas cette question, j’allais trouver un moyen d’évoquer la particularité de cette intervention militaire. Avant le 26 juillet l’atmosphère socio-politique était délétère en ce sens que le doute s’est fait une place de choix dans tous les secteurs vitaux, et pire, au plan sécuritaire le chaos était aux aguets. Ainsi la spécificité de l’événement résidait dans l’attente de toute la population à une libération et une décrispation et subséquemment la vive acclimatation de cet acte patriotique dans tous les recoins du pays s’en était ressentie.

 – Il y avait-il des choses qui laissaient présager qu’un putsch pourrait avoir lieu au Niger ?

Effectivement, le vase était à son comble et il ne restait que la petite goutte pour dégouliner. Cependant la date du 26 reste encore un mystère divin parce que personne n’y pensait ledit jour. Les putschs classiques surviennent en général après une série de contestations populaires mais celui-ci était la méthode adéquate contre l’euthanasie sociale que le régime déchu voulait infliger au peuple souverain du Niger.

 – La vie au Niger s’est-elle améliorée depuis l’arrivée des militaires au pouvoir ?

Alors il y’a bien sûr des sanctions économiques et financières appliquées au pays depuis lors et vous conviendrez avec moi que ça ne sera pas facile. Cependant votre question pourrait plutôt se focaliser sur la résilience du peuple face à ces sanctions. Sinon pour répondre à votre question, il faut retenir que le nigérien actuel préfère cet état de fait plutôt qu’à une amélioration des conditions de vie en échange de leur dignité. Comme le disait l’autre : Mieux vaut mourir debout que de vivre à genou.

– Depuis l’arrivée au pouvoir du Général Tiani et ses hommes, des actes ont-ils été posés allant dans le sens d’un retour à l’ordre démocratique ?

Bien sûr, le Chef de l’État a d’abord laissé entendre qu’ils ne s’éterniseront pas au pouvoir et que le délai maximum était de 3 ans pour parvenir à un retour constitutionnel. La recomposition du gouvernement et des institutions est inclusive et civilo-militaire. Des actes sont posés par le nouveau gouvernement notamment à travers des sorties du premier ministre, du ministre de la défense, celui l’intérieur et également des affaires étrangères qui était l’un des premiers à expliquer la cause des Nigériens à l’international. Enfin, une assise nationale est en vue justement pour asseoir les voies et moyens d’une gestion sans faute de la transition pour une démocratisation forte populaire de l’État.

 – La possibilité d’une intervention militaire avait longtemps été agitée par la Cedeao. Jusque-là cela semble au point mort. Est-ce quelque chose de souhaitable ?  

C’est quelque chose d’irréalisable et qu’aucun nigérien ne souhaite évidemment. Cependant la gravité de tels actes, s’ils arrivent à être posés, embrasera toute la sous-région. Par contre cette situation nous a appris à connaître la vraie face du monde et de ceux qui se disent amis. Il serait ingrat de ma part de ne pas faire mention honorable aux peuples frères du Mali, du Burkina, de la Guinée et du Togo qui se sont interposés les premiers à une intervention au Niger. Pour les autres on gardera la mauvaise intention de la politique de leurs pays et non les ressortissants parce que les Africains n’ont pas de problème entre eux et l’Afrique finira par s’unifier n’en déplaise aux comploteurs.

Commentaires

Cliquez ici pour publier un commentaire

error: Content is protected !!