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(Reportage) La vente d’alcool à proximité des écoles : une interdiction sans suite !

Elles sont nombreuses devant ou à proximité des écoles, les boutiques qui vendent de l’alcool. Pourtant, sa commercialisation à côté des lieux précités est interdite. Le président de la République Macky Sall l’a d’ailleurs rappelé l’année dernière en conseil des ministres du 22 décembre 2022. Dans certains quartiers de Dakar, les écoles cohabitent avec ces boutiques.

Cette cohabitation facilite-t-il l’accès des jeunes à cette boisson ? Les scènes de violences verbales des clients en état d’ivresse peuvent-elles jouer sur la mental des élèves ? Autant de questions qui suscitent l’inquiétude chez certains parents, tandis que d’autres pensent pouvoir préserver leurs progénitures grâce à l’éducation qu’ils leur ont transmise.

« Ça ne me dérange pas ! »

La proximité est flagrante et l’image que cela dégage l’est encore plus. Plusieurs enfants et adolescents ont aujourd’hui un endroit, près de leur lieu de savoir, où l’alcool est vendu soit en canette, bouteille ou en brique. A Grand Dakar, l’école Saint Pierre est connue pour ses enseignements et pour son nombre important d’élèves. Pourtant, en face de l’établissement une boutique y vend des boissons alcoolisées, mais également d’autres types de boisson. Près de la porte d’entrée de l’école se trouve une dame d’une quarantaine d’années, qui vend toute sorte de friandises et de jouets. Vendeuse certes mais son instinct de parent la pousse à réagir dès que le sujet est mis sur sa table. « Ce n’est pas du tout rassurant ! Et nous comptons sur l’État pour le régler car si cela ne tenait qu’à nous, nos enfants étudieraient devant un endroit autre que celui-ci », déclare-t-elle.

Une boutique de vente d’alcool juste en face d’une école

Une chose qui dérange pour certains, mais pour d’autres l’affaire peut passer. Pour Fatima, un parent d’élève, le problème n’est pas si sérieux. « Pour moi, ça ne me dérange pas ! Les enfants on les éduque à la maison, on leur apprend ce qu’ils doivent faire et ce qu’ils ne doivent pas faire. Venir à l’école tous les jours ne veut pas dire qu’ils auront en tête d’aller boire de l’alcool » affirme cette mère venue chercher ses enfants. Pourtant, même si la proximité est réelle, il est rare de voir un adolescent de cette école franchir les portes de ces lieux tant indexés. « Les enfants n’y vont pas, ils sont bien éduqués c’est pourquoi ils ne le feront pas. Et je n’ai jamais vu des ‘’saoulards’’ s’en prendre à eux » assure Seynabou.

Ailleurs, ça dégénère !

C’est dans un quartier situé au bord du boulevard Aliou Ardo Sow, près de la VDN, où nous continuons le reportage dans une boutique en face d’une école primaire et non loin d’un collège. À 14 heures passées de quelques minutes, certains élèves sont en train de jouer dans un petit terrain de l’école en bordure de route, où se situe aussi une boutique de vente de vin. Au même moment, un des clients de la boutique, s’en prend à un des gérants avant qu’ils n’en viennent aux mains devant des passants et des enfants. Injures, coups de poing et même bouteilles en verre cassées étaient au rendez-vous. Outre le voisinage, ces scènes peuvent avoir des conséquences sur les élèves, et même le propriétaire des lieux reconnait que parfois « c’est un peu choquant », et avoue faire « le tri des personnes sources de problèmes ».

Dans cette même lancée, ce quarantenaire qui a tenu à garder son anonymat affirme faire tout son possible afin que les élèves ne s’approchent pas de sa boutique. « Il y avait un arbre devant la boutique et ils s’asseyaient dessus, mais je l’ai coupé pour les éloigner ». Toutefois, pour lui, il est en règle « c’est l’école qui s’agrandit et qui nous a trouvé ici », se défend-t-il.

Même si le commerçant joue la carte du responsable, le président de l’Union Nationale des Parents d’Élèves et Étudiants du Sénégal (UNAPEES), informe « qu’ils sont régulièrement interpellés » sur cette question. Et même si le président de la République a rappelé à ses ministres que des mesures ont été prises, Abdoulaye Fané s’interroge : « Comment un État peut interdire cela et ne pas veiller à application de cette décision ? ».

L’absence de suivi notée dans les mesures prises par l’État est certes à déplorer, mais outre cet aspect d’autres problématiques sont soulevées par les parents d’élèves comme des motifs dessinés sur certains cahiers susceptibles d’être une source de déviance pour les élèves. Ils demandent à ce que cela soit revue pour préserver les jeunes apprenants.

Madia Diop

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